1. The Spoils (feat. Hope Sandoval)
2. Come Near Me (feat. Ghostpoet) Voir la vidéo Massive Attack - Come Near Me (feat. Ghostpoet)

Sortie le vendredi 29 juillet 2016

Les spoilers du prochain album des Bristoliens se font enfin plus alléchants sur ce deux-titres gracile et asthénique, meilleur sortie de Massive Attack depuis l’OST de Danny The Dog en 2004.

Bien qu’ayant apprécié comme tout le monde le retour de Tricky sur le downtempo et troublant Take It There, l’EP Ritual Spirit lâché par la paire 3D/Daddy G en janvier ne m’avait qu’à moitié convaincu. Malgré son groove polyrythmique et autres distorsions fantomatiques au second plan, Dead Editors sonnait un brin trop mécanique pour laisser à Roots Manuva l’espace qui eut pu lui permettre de transcender le titre. Le chant trop extatique et suave d’Azekel donnait au morceau éponyme, sur un édifice rythmique similaire, de faux-airs de chillwave radiophonique en dépit d’une guitare délicatement mélancolique. Quant à Voodoo In My Blood avec les Young Fathers du label Anticon, trio écossais dont la trajectoire électro-hip-hop n’a pas tenu toutes ses promesses, l’atmosphère morbide de son clip - double hommage visuel avoué à feu Zulawski ("Possession") et au classique d’horreur baroque et onirique "Phantasm" - en transcendait heureusement par un regain de tension bienvenu la dynamique sans grande subtilité.

Rassemblant deux des trois inédits révélés par le groupe via l’appli Fantom d’iTunes cette semaine, The Spoils n’a certes pas la même carrure avec seulement 10 minutes de musique mais laisse paradoxalement son prédécesseur loin derrière. Sur le papier déjà, on y croyait : les featurings de Ghostpoet, héritier évident du Massive Attack des 90s pour une collaboration qu’on fantasmait ouvertement depuis quelques années, mais également d’Hope Sandoval, parfaite en 2010 sur ce qui constituait jusqu’alors la meilleure chanson de Massive Attack post-100th Window. Et ce sont justement le même genre de reflux de cordes et synthés capiteux qui envoient The Spoils dans les cieux sans jamais l’envahir, premier de ces deux titres dont les échos de blips fugaces convoquent l’impressionnisme du chef-d’œuvre électronique sus-nommé (13 ans déjà), la voix de la chanteuse de Mazzy Star, totalement à nu sur les couplets, décollant pour la stratosphère sur des refrains au romantisme ample et désespéré dans l’esprit du single Live With Me avec le regretté Terry Callier.



Pulsatile et ténébreux, Come Near Me a également ses figures tutélaires dans la disco du groupe, du très deep et minimaliste I Against I avec Mos Def (circa 100th Window justement) au slow burner False Flags en passant plus généralement par l’atmosphère claire-obscure aux tempi hypnotiques de la seconde moitié de Mezzanine. Mais le timbre lascif aux tonalités tant inquiétantes que tourmentées de Ghostpoet a tôt fait de l’en distinguer, tout comme cette ligne instrumentale doublant la mélodie vocale et dont la sonorité proche du luth donne aux refrains des airs presque baroques, les effets d’écho en seconde moitié évoquant la perte de lucidité de celui qui noie son affliction dans la boisson, thème déjà évoqué par MA dans la poignante vidéo de Live With Me. Et en parlant de clips d’ailleurs, celui-ci n’est pas mal non plus :



Exit donc les rythmiques tribales et l’efficacité de l’EP précédent, The Spoils donne dans le spleen minimaliste et éthéré, reprenant les choses là où le groupe les avait laissées au milieu des années 2000 et si c’est là un aperçu des promesses du nouvel opus espéré pour la fin d’année on ne peut que s’en féliciter.

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