1. Flowers
2. Bum Bum
3. The Good, The Bad & The Gypsy Voir la vidéo Crookram - The Good, The Bad & The Gypsy
4. Tabby Strut
5. Peapod The Pocket Squirrel
6. Little Marcos
7. Mermaids
8. For Your Lady
9. Island
10. A Sensible Man
11. Silent City
12. My Forest
13. Un Canard
14. Katmandu
15. Puppy Love
16. Like A Cat
17. One More Time
18. Starfield
19. American Dream
20. In The Future
21. Butterflies

Sortie le vendredi 28 avril 2017

Crookram libère les papillons de sa jeunesse sur ce nouveau bijou d’abstract hip-hop kaléidoscopique et nostalgique au potentiel d’émerveillement inépuisable, qui élève sur des fondations empruntées à la soul orchestrale, à l’Âge d’Or du boom bap, à Morricone et aux soundtracks sixties pop et psychédéliques un édifice dédié à la préservation de notre part d’enfant.

A IRM on l’attendait avec encore plus d’impatience que l’Arlésienne Avalanches, et bien nous en a pris. Car là où les Australiens échouaient à demi l’an dernier en substituant au souffle enchanteur de leur premier opus une palanquée de morceaux bien trop souvent anachroniques et inégaux aux allures de face-B ressorties des tiroirs, le RJD2 des années 2010, j’ai nommé Crookram, fait quant à lui pleinement honneur à son fabuleux Through Windows d’il y a 7 ans sur un Butterflies marqué par cette candeur de l’âge tendre que certains d’entre nous refusent courageusement de laisser dépérir, une magie de l’enfance que le Néerlandais se plaît à la cultiver à coups de boucles féériques, de groove stargazeux et de samples rétro.

Le pensionnaire de notre compil IRMxTP, dont l’excellent But Sometimes My Arms Bend Back est déjà dispo à l’écoute via notre teaser EP Welcome to Twin Peaks, a pourtant dû faire faire face à la gageure de donner suite à l’un des disques que l’on a le plus écoutés cette décennie, un album de la trempe des Since I Left You, Deadringer ou des meilleurs Blockhead, voire même plus addictif encore que tout ça réuni. D’emblée, Butterflies renoue brillamment avec cet enchantement et cette ferveur hors du temps et des modes, alternant ravissements soulful en quête d’innocence perdue (de la sublime intro Flowers, mode d’emploi bucolique tous vents et cascades de piano en avant, à l’irrésistiblement ingénu Puppy Love, en passant par le merveilleux My Forest où la mélancolie des samples de cordes et de flûte de pan fait des miracles sur fond de percussions boisées et de beats downtempo), abstractions ethno-futuro-psyché (l’épique et magnétique Bum Bum, le polyrythmique et planant Katmandu), tranches de ciné imaginaire au groove imparable (le forcément morriconien The Good, The Bad & The Gypsy, l’ode nonchalante et gritty Like A Cat), intermèdes désarmants de candeur régressive (Peapod The Pocket Squirrel) et collages rondelets délicieusement baroques et désuets (Un Canard, dont l’abécédaire truculent de cratedigger francophile renvoie au tube Eugène et le Cerceau sur le premier opus au terme d’un break où clavecin, saxo sucré et violons crève-cœur à la Mancini/Legrand feront capituler le plus coriace des cœurs de glace).



Sommet de l’album, Tabby Strut évoque avec ce grain 60s des cuivres et du piano typique du Hollandais le souffle de ces histoires de rédemption dont Hollywood a le secret (on se souvient de Balboa, vibrant hommage à Rocky de l’EP 19/76 dont les 6 titres constituent une parfaite introduction à la patte/palette du bonhomme) tandis que One More Time, délicate incursion R&B dont l’omniprésent clavier cristallin assure la pincée de spleen romantique, préfigure en fin de piste avec ses violons surannés le motif mélodique au piano d’un Starfield qui nous envoie tout droit dans les étoiles et au-delà. Mais la pièce de résistance du disque, c’est bien cette série qui va de Little Marcos à la profession de foi A Sensible Man - sur la triste nécessité de se départir de son âme d’enfant pour se faire une place dans la société -, 5 morceaux aux samples acoustiques scintillants et aux beats syncopés d’une redoutable efficacité, la palme au séraphique For Your Lady saupoudré de poussière d’ange et de sortilège folk oublié.

Avec sa triplette douce-amère sur l’illusion du rêve américain, le désenchantement de nos espoirs de futur adouci, le fardeau de l’âge adulte et ce que l’on aura su préserver de nos années de grâce et d’innocence, le final coule de source, moins spectaculaire à n’en pas douter que celui de l’album précédent dont Sun ou The Confrontation collent encore le frisson et I Saw You les larmes au bord du coeur, mais la douce ferveur bohème du morceau-titre avec ses cordes bouillonnantes, ses cuivres chaleureux et son scat improbable auront raison de nos dernières retenues à qualifier ce Butterflies de chef-d’œuvre absolu de ce début d’année pour tout amateur d’électro et de hip-hop instrumental qui se respecte.

(attention, le lecteur ci-dessous ne dévoile qu’on grosse moitié de morceaux, pour découvrir l’album dans son intégralité il faudra débourser quelques euros via Bandcamp)

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