Parmi nos fidèles lecteurs, il ne doit plus en rester beaucoup pour lesquels l’immédiateté constitue le graal musical. Si certains pensent toujours ainsi, nous ne pouvons que leur conseiller de prendre leurs jambes à leur cou et de basculer vers un autre article.

En effet, Nao Otsuka compose, avec ce premier album, une odyssée qui prend son temps pour dévoiler une atmosphère contemplative et résolument hypnotique. Pour peu que l’auditeur parvienne à s’immerger dans cet univers, il en sera grandement récompensé.

Les field recordings captés par Takashi Kokubo sont déconstruits et réarrangés par Nao Otsuka qui y adjoint des boucles de cordes et autres drones pour un mariage subtil et profond.

La clarté des sonorités électro-acoustiques renforcent le sentiment de communion entre l’auditeur et l’atmosphère dans laquelle il se voit projeté. Éthéré, Penguin Kids touche avant tout à l’intime et constitue une ode au ralentissement.

L’artiste défend le fait que cet album est "issu des montagnes japonaises". Des espaces que l’on imagine encore préservés d’une certaine immédiateté, et où la méditation inhérente à l’écoute d’un tel disque a encore du sens.

Quelques passages encore plus transcendants que les autres émanent de cette écoute. Impossible de ne pas évoquer en premier lieu les résonances claires d’un Slide On Iron hanté par des souffles cristallins ou la construction électro-tribale d’un African Frog si atypique qu’il donne l’impression d’évoluer vers une relaxe sans jamais desserrer la pression qui s’en dégage dès l’introduction.

Mystérieux et prenant, Penguin Kids constitue pour l’artiste asiatique une première livraison passionnante et le label néerlandais Shimmering Moods Records s’est montré bien inspiré en relayant cette ambient chargée de spleen.

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