La tentation est grande et la comparaison probablement éculée tant elle est facile et frappante. Pour autant, c’est promis, avant même de savoir que The Mirrors était en réalité un duo mixte, la comparaison avec les Kills a constitué une évidence.

Heureusement, il ne s’agit nullement d’un copycat et les aspirations du duo américano-britannique ne constituent pas la seule influence des Angevins. Pour leur troisième court-format - Gold Victories et Best Thunderstorms l’avaient précédé en 2014 et 2015 - Sarah Nadifi, chanteuse-guitariste, et Corentin Bossard, batteur, partagent une énergie sincère mais jamais débordante.

Les excès sont évités dès le White Land Wolves initial. Subtil, il revêt une tension permanente. Pas de déluge d’électricité sur ce titre, et autant que celui du duo formé par Jamie Hince, c’est à Garbage que l’on pense pour cette gravité sublimée par un sens mélodique évident.

Naive Ground, ses guitares éclatantes, sa batterie percutante et sa ligne vocale féminine rappelant Alison Mosshart constitue l’un des sommets de l’EP et précède les riffs abrasifs d’un What’s My Brain’s Brain ? évoquant les débuts de PJ Harvey avant qu’un refrain psychédélique n’amène l’auditeur dans une sphère hallucinogène.

Le sentiment de planer au-delà des cimes d’un champ magnétique se poursuit sur Secrets Seeker, hymne d’alt-rock en puissance, qui mêle à son aspect brut une décharge évidente de sensualité. Loin d’être une ponctuation quelconque, Blood fait de cet EP une boucle permanente en digérant les influences précédentes tout en marquant une continuité avec le premier titre - d’où l’aspect itératif - et son univers plus contenu.

La rage la plus transcendante - et transmissible - n’est pas toujours celle qui s’extériorise le plus aisément. Au contraire, les sentiments les plus profonds restent souvent enfouis. Avant d’être libérés de manière directe, immédiate et imprévisible. Autant d’éléments que The Mirrors dévoile de manière alternative sur cet EP enthousiasmant.

Beautiful Gas Mask In A Phone