Caché sous le pseudonyme de Wooden Wand, James Jackson Toth compose depuis 2004 des longs-formats de manière si fréquente que nous avons renoncé à établir une quelconque table de marque.

En solitaire ou accompagné d’acolytes tels que The Vanishing Voice ou The Sky High Band, l’artiste basé à Richmond est à créditer d’une demi-douzaine de sorties chaque année. Légèrement moins productif ces dernières années, l’Américain aura profité du cru 2017 pour faire à nouveau parler la poudre.

Ainsi, en plus de Clipper Ship, il a publié les trois volets du projet Toth’s Law. De quoi s’agit-il ? Cela s’appuie sur une théorie qui voudrait que la majesté émerge, dans le domaine artistique, de l’immédiateté et du plaisir plutôt que d’un travail acharné.

A partir de là, James Jackson Toth a choisi de partager quelques-unes des démos qu’il ne parvenait pas à sortir, tout en enregistrant de nouvelles compositions déconcertantes de facilité et dont le sens mélodique est d’une évidence frustrante pour quiconque a déjà essayé de s’époumoner en jouant de la six-cordes.

Ainsi, le premier titre, Looking for A Builder convoque une folk de cow-boy tandis que Faraway Faultlines fait émerger ce qui ressemble plutôt à une nostalgie aride, l’étouffement de l’harmonica et de la voix de l’artiste se répandant dans l’environnement de telle manière que l’esprit libertaire qui s’en dégage contraste avec un sentiment de captivité, que celui-ci soit physique ou émotionnel.

The Ride constitue un autre grand moment, et l’artiste explique qu’il "existe une version de cette chanson dans un registre proche du doom metal. C’est mieux qu’elle ne soit pas publiée". Nous sommes tentés de le croire tant l’habillage décousu - ce qui n’est pas très pratique à la ville - sied à merveille à cette composition dont les harmonies sont particulièrement mises en avant.

Plus électrique, Take A Pill présente un aspect psych-folk qui se prolonge sur Day Down (One Drop at a Time), les saccades électriques se mêlant à un environnement sec, particulièrement la partie rythmique empruntée à Fleetwood Mac. Too Many Bands semble constituer, avec sa voix nasillarde légèrement forcée, un hommage à Bob Dylan alors que l’instrumentation basée sur une guitare sèche à peine accompagnée par des percussions minimales et une basse lourde intermittente n’est pas sans évoquer le Eels de Souljacker.

Ce troisième volume devrait être le dernier de cette collection. Wooden Wand pourra donc partir vers de nouveaux projets en cette année 2018 pour laquelle il nous réserve probablement d’autres surprises allant encore une fois au-delà de nos espérances. Là réside l’intérêt principal de cet artiste : sans jamais rien révolutionner, en convoquant l’évidence la plus totale, celle qui lui fait d’ailleurs dire que ses morceaux ont déjà été écrits sous cette forme par des dizaines de musiciens avant lui, il parvient néanmoins à susciter curiosité, entrain et admiration.

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