Pour certains, Jérôme Rousseaux aka Ignatus reste surtout le créateur du label Ignatub, qui avait eu le nez particulièrement creux en misant sur Jean-Luc Le Ténia au début des années 2000.

Il serait néanmoins dommage de cantonner Ignatus à cette étiquette puisqu’il s’agit d’un musicien accompli, aussi à l’aise lorsqu’il s’agit d’écrire des hymnes catchy aux cavalcades déstructurées comme ce Epok qui ouvre l’album, ou au moment de composer de délicieuses ballades au piano qui ne sont pas sans rappeler le Benjamin Biolay de Négatif (Le Détroit De Béring).

Ignatus a créé le projet [e.pok] en 2015, et s’est entouré de Nicolas Losson, spécialiste en programmation électroacoustique, du guitariste Hervé Le Dorlot et du plasticien Jérôme Clermont. Ignatus se charge, pour sa part, d’écrire les textes et de les chanter - ou plutôt de les réciter de manière habitée - tout en assurant quelques programmations et les parties au piano.

Des expérimentations toutes en résonance de Lire Le Matin à l’odyssée électrico-acoustique Dans La Barbe De Dieu et sa jouissive montée en puissance, en passant par la transe chamanique d’Un Travail, Ignatus n’observe jamais le même mode opératoire, mais quelques similitudes apparaissent néanmoins dans l’ambition déployée.

La tension toujours croissante des morceaux justifie le fait qu’ils durent toujours au minimum trois minutes. Ignatus n’est pas un fanfaron, mais un véritable mélomane capable de créer des hymnes de pop bariolée, plombée et expérimentale. Pour preuve, Florida se situe entre musique concrète et stellaire tout en intégrant quelques fulgurances électriques bien senties. Et [e.pok] a donc tout à fait sa place au sein du catalogue de La Souterraine, qui se revendique comme un label de "pop underground française"...

Beautiful Gas Mask In A Phone