Auteur de cinq disques diffusés entre 2010 et 2013, Tiago Benzinho s’était depuis fait discret. Il a attendu la fin de l’année 2017 pour se rappeler au bon souvenir de fans qu’il avait particulièrement gâtés avec Zero ou les deux volets de Roses of Time.

En quatre ans, le Lisboète a eu le temps de polir ce disque. Et si ce dernier évolue dans sa seconde partie vers un dark ambient noir et expérimental excluant toute ligne mélodique - Societé des Esprits Perdus en constituant probablement le point d’orgue - c’est un versant légèrement plus aéré qui est exploré précédemment.

Ainsi, malgré une certaine pesanteur assumée, des titres tels que Canção de Lisboa ou Ana de Armas ne dépareilleraient pas au sein du catalogue du prestigieux label Erased Tapes et pourraient être considérés comme un croisement entre Ben Lukas Boysen et Peter Broderick.

De manière permanente, l’épouvante reste néanmoins de mise et les cordes frottées stridentes en sont le principal vecteur, qu’elles soient utilisées sous forme de drones à l’occasion d’un Our World is Falling Apart étouffant ou pour accompagner une instrumentation baroque sur Dysmorphia.

Ces arrangements de cordes frottées sont prépondérants sur ce disque, et sur le dernier tiers de Quiet Existence Silent Resistance, ils peuvent même hésiter entre les influences du post-rock des premiers Godspeed You ! Black Emperor et les fulgurances de Craig Armstrong. Si, à l’instar de ce dernier, Tiago Benzinho compose une musique aux accents cinématographiques évidents, il rejette toute emphase pour teinter son propos d’une dimension apocalyptique. Unbroken pourrait ainsi être considéré comme la parfaite bande originale d’un film noir. Très noir. Mais stimulant.

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