L’excellent Cyrille Poumerie de Red Space Cyrod et Tadash se cache derrière ce nouveau projet où il professe en Français, associé à un certain Jean Martial-Guilhem, son amour pour un post-punk onirique (Le Long de l’Eau), le glam de feu David Bowie (cf. le chant de La Charpente) et la new wave en clair-obscur de New Order (A l’Essentiel). Avec toujours une bonne dose de bizarrerie art-rock, et d’imagerie surréaliste dans l’opacité de paroles qui suintent l’angoisse existentielle et le regret d’une époque de rapports humains moins désincarnés.

Le vieillissement aussi, dès l’introductif Tendre Temps aux allures de fuite en avant avec ces synthés qui embrassent l’hédonisme des années 80 sans la moindre ironie, comme pour mieux s’accrocher aux décennies qui filent et qui laissent des traces sur la peau comme dans les esprits. Paradoxalement, A l’Essentiel le prend, ce temps, au gré d’une new wave entêtante et mélancolique dont les arrangements nébuleux évoquent ce moment de flottement entre le sommeil et le réveil, propice au genre de fantasmagories dont La Charpente serait la quintessence.

Autant dire que malgré la somme d’influences et l’efficacité très connotée qui font sonner ce premier mini-album dans un contexte stylistique aux contours familiers, HyperSensible brille autant par sa singularité que pour son caractère addictif, en témoigneront par la suite la scansion de La Cicatrice et son contraste entre saturations rugueuses, spleen de la basse et sensibilité mélodique à fleur de peau, L’Air de Rien qui n’est pas sans rappeler les hybrides indie-électro francophones et bluesy des regrettés lufdbf ou surtout Tourne l’Ombre avec ses faux-airs d’americana déglinguée qu’on aurait enrobée de post-punk et de dub à la façon d’un PIL 2.0.

Fameux.

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