Sortie le vendredi 26 octobre 2018

1. Blow Bright
2. The Isle Is Full Of Noises : I. O, I have suffered
3. The Isle Is Full Of Noises : II. Be not afear’d
4. The Isle Is Full Of Noises : III. The cloud capp’d towers
5. Collider

Cinq ans après le fantastique Over Light Earth dont on parlait ici, le compositeur et arrangeur islandais livre avec ce quatrième album pour le label Bedroom Community, son troisième en solo, une pièce maîtresse de musique classique contemporaine pour orchestre encore plus dense et névrotique dont les premiers enregistrements remontent à trois ans et la genèse, probablement, à la sortie de l’opus précédent.

A l’écoute de l’impressionnant Blow Bright en ouverture, on comprend l’ampleur de la tâche à laquelle s’est attelé ici le co-auteur de Sólaris - bande-son alternative au chef-d’œuvre éponyme de Tarkovski imaginée avec Ben Frost et publiée il y a 7 ans déjà. D’une ambition proportionnelle à sa luxuriance symphonique, le morceau, soufflant cordes perturbantes, vents virevoltants, percussions menaçantes et cuivres discrètement inquiétants sous l’impulsion du Iceland Symphony Orchestra, parvient à un équilibre assez unique entre tension cinématographique, atonalité anxiogène et romantisme troublant, à la croisée des bandes originales singulières des Danny Elfman (le lyrisme déglingué) et Howard Shore (l’ambivalence atmosphérique chez David Cronenberg) de la grande époque pour l’influence du grand écran, de Messiaen ou Holst pour les harmonies atypiques, de l’avant-garde de Xenakis, de Stravinsky pour cette dynamique de prime abord chaotique mais en réalité plus narrative qu’il n’y paraît ou encore Ligeti pour l’aspect claustrophobe et angoissant de certaines parties de violons.

Si la suite n’atteint pas forcément toujours les mêmes sommets, elle n’en génère pas moins le même halo de grâce tourmentée, des complaintes chorales du requiem The Isle Is Full Of Noises : I. O, I have suffered dont les cuivres majestueux soulignent la dimension d’éternité, jusqu’au crescendo patient d’un morceau-titre aux 15 minutes tantôt introspectives, agitées ou carrément hantées et malmenées (en fin de morceau Elfman ou le Bernard Herrmann d’Hitchcock ne sont pas loin), en passant par l’étrange réconfort céleste du second mouvement de The Isle Is Full Of Noises : II. Be not afear’d, apaisé mais résigné face à la persistance d’une terreur existentielle qu’aucune orchestration ne semble pouvoir chasser pour de bon chez l’Islandais, pas même ces chœurs a capella à la fin de The Isle Is Full Of Noises : III. The cloud capp’d towers, bientôt submergés par une marée de cuivres oppressants.



( RabbitInYourHeadlights )

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