Sortie le vendredi 30 novembre 2018

1. Cray Cray
2. Lizzy
3. Punk Champagne (feat. TONE)
4. Social Butterflies
5. Talula
6. This Is England Voir la vidéo Farai - This Is England
7. National Gangsters
8. Love Disease
9. Secret Gardens
10. Space Is A Place (feat. Chris Calderwood)
11. Radiant Child

Beaucoup de choses ont été dites sur Rebirth, premier long-format de Farai. Certains l’ont qualifié d’afropunk mais le fait qu’une artiste soit originaire du Zimbabwé justifie probablement l’utilisation du terme "afro" dans une chronique. Mot-clé ou passage obligé, chacun se fera son opinion.

Il serait toutefois dommage de réduire Rebirth à une quelconque dimension ethnique. Non, à l’instar de l’EP Kisswell sorti l’année précédente, c’est bien sur le plan social que frappe Farai. Les uppercuts qu’elle adresse sont douloureux, d’autant plus qu’elle vise juste. This Is England, indiscutable sommet de ce disque, est porté par un clip en noir et blanc minimaliste et sulfureux où l’artiste, quasi a capella avant que les bourdonnements n’apparaissent, apostrophe directement la Première Ministre du Royaume de la manière suivante : "hey Theresa May, do you know how it feels to count days and hours til payday ?".

Le Merrie Land de The Good, The Bad And The Queen aurait pu être le disque traduisant l’amertume associée au Brexit. Mais même si certains artistes sont sans doute plus déconnectés de la réalité que Damon Albarn, il manquait à cet album cette rage partagée par ceux qui connaissent les effets concrets des politiques d’austérité. A l’image peut-être des Sleaford Mods, Farai pourrait la revendiquer mais elle ne s’abaisse même pas à cela. Car cette rage n’est pas un argument commercial, c’est une raison d’être et de survie.

Alors Rebirth lui permet de partager cette vision désabusée d’un pays en perte de repères, s’associant à Chris Calderwood pour les syncopées synthétiques d’un Space Is A Place plombé ou avec le producteur TONE sur le jouissif et abrasif Punk Champagne soutenu par une instru saturée. Farai élargit également son univers électro-punk à l’occasion d’un Talula plus léger où la guitare en bois assure la partie mélodique.

S’il y a bien quelques titres plus dispensables comme ce Radiant Child souffrant d’un autotune excessif, Rebirth constitue une réussite absolue, reflet musical brillant de l’égarement et des peurs collectives. Probable marqueur générationnel tant son audace constitue une rupture avec la scène actuelle, Rebirth capte le climat ambiant et pourrait figurer parmi les grands disques britanniques de sa décennie, rappelant en ce sens les coups de massue qu’ont constitué The Fat Of The Land ou Untrue.



( Elnorton )

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