Sortie le vendredi 1er février 2019

1. When I Die
2. Gallipoli
3. Varieties of Exile
4. On Mainau Island
5. I Giardini
6. Gauze fur Zah
7. Corfu
8. Landslide
9. Family Curse
10. Light in the Atoll
11. We Never Lived Here
12. Fin

Gallipoli. Beirut a choisi de baptiser son dernier opus du nom de cette ville italienne où eut lieu durant la première guerre mondiale la bataille des Dardanelles. Et alors que l’Empire Ottoman, soutenu par l’Allemagne, prit le dessus sur l’Empire Britannique, cette bataille est considérée comme l’un des éléments fondateurs de l’identité nationale turque tandis que le débarquement du 25 avril 1915 est célébré et particulièrement respecté en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Que faut-il comprendre de ce choix effectué par le groupe américain ? Est-ce d’ailleurs à la bataille ou à la ville que rend hommage le groupe ? Sans doute les deux à la fois dans la mesure où la digestion d’un traumatisme collectif et l’incompréhension des mécanismes conduisant des cultures à s’opposer font partie des sujets régulièrement abordés de manière plus ou moins explicite par Beirut.

Le principal défaut de ce cinquième album constitue également une qualité certaine : il ne fait nullement figure de rupture dans la discographie du groupe. Soit. Mais à vrai dire, passé l’uppercut que constituait Gulag Orkestar en 2006, les Américains n’ont jamais vraiment choisi de quitter cette large zone de confort au sein de laquelle ils brassent des influences variées.

La recette étant peu ou prou la même qu’à l’accoutumée, ne faisons pas l’injure au groupe de définir plus précisément le registre dans lequel il évolue. La seule tendance notable constitue la présence d’une mélancolie plus perceptible qu’à l’accoutumée. Si les synthétiseurs déchirés d’On Mainau Island en constituent l’exemple le plus frappant, il ne s’agit pas d’un cas isolé et les grincements apparaissant sur Corfu en contrepoint de la mélodie principale confirment autant cette tendance que la pointe de tristesse maculant le petit frère dépressif de No No No qu’est Gauze für Zah.

Entre rock indépendant et pop lo-fi mâtinée de folk balkanique, Zach Condon poursuit une œuvre sans faute de goût, oscillant toujours entre le bon et le très bon. Certes, Gallipoli ne rentre que dans la première de ces catégories, mais il s’agira de s’en contenter et les sommets que sont Gallipoli, Landslide ou I Giardni rejoindront assurément Elephant Gun, Nantes ou Gibraltar au panthéon des œuvres composées par le combo de Santa Fe.



( Elnorton )

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