Sortie le jeudi 7 février 2019

1. Noyades - Djouhri
2. Tomaga - The First Lesson Is Free
3. Jozef Van Wissem - The Priests Bones Lie Burned On The Altar, Purged
4. Jozef Van Wissem - The Shunning
5. Tomaga - The Inexorable Sadness Of Pencils
6. La Jungle - Ok But This Is Not A Parachute

Ce split réunit dans la précipitation quatre artistes et groupes à la fin de l’hiver 2017 pour une occasion unique : enregistrer dans le mythique studio Davout (référence de la musique de films made in France mais pas que) alors sur le point de mettre la clé sous la porte après plus d’un demi-siècle d’activité et de services rendus, outre une armada de chanteurs de variété bien de chez nous, à des génies du calibre de John Barry, Miles Davis, Nina Simone, Stockhausen, Gainsbourg, Nico, Michel Legrand, Herbie Hancock et plus récemment Domnique A, Bang Gang ou Alexandre Desplat. L’équipement est toujours là, un ingé son est de la partie, et tout est permis puisque tout va disparaître.

Au-delà de l’excitation, on l’imagine, d’être les derniers à profiter de l’acoustique des lieux (Noyades et Jozef Van Wissem venaient d’y enregistrer chacun un disque - avec Jarmusch pour ce dernier, il est excellent et on vous en reparle bientôt), et de la fierté de graver sur sillons les ultimes faits d’arme d’un studio historique, il y a donc l’urgence, la semi-improvisation, la spontanéité de l’enregistrement direct, tout ça sans pour autant bâcler le moins du monde un projet intelligemment pensé et construit (en amont ? l’histoire ne le dit pas), dont les titres se répondent en miroir, les deux plus énergiques / électriques signés Noyades donc (trio lyonnais du label S.K. Records) et La Jungle (duo belge) encadrant deux morceaux plus courts et métissés d’électronique des excellents néo-krautrockeux anglo-italiens Tomaga, enserrant eux-mêmes deux joyaux méditatifs du joueur de luth néerlandais Jozef Van Wissem.

Un agencement pour le moins brillant, où chacun trouve sa place et met en valeur celle des autres. Chacun aura son ou ses favoris, pour moi assurément le requiem de circonstance d’un The Priests Bones Lie Burned On The Altar, Purged dronesque et empreint de gravité où l’épure mi-acoustique/mi-électrique de Van Wissem fait merveille. Mais du noise-rock psyché et véhément d’un Djouhri survolté auquel Noyades offre un final plus apaisé et sinueux digne du Tortoise des débuts, aux 9 minutes de transe kraut/noise au groove abrasif et incandescent de La Jungle, en passant par l’hypnotisme percussif et insidieux de Tomaga ou un second titre plus acoustique au spleen lumineux de Van Wissem, la galette toujours disponible en vinyle via Bandcamp réussit la gageure de donner de la cohérence à quatre univers bien distincts, par un son d’abord, mais surtout une mystique : cette célébration à la fois désespérée et exaltée, transgressive et bienveillante, de la fin d’une époque dans cette saine indifférence de la création qui continue envers et contre tout.



( RabbitInYourHeadlights )

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