1. Opener
2. Transcranial
3. Turn It Off
4. Sloucher
5. Workin’ Man Blues
6. Holsten Thrills
7. Rathaus
8. Pink Roses
9. Sud Ripper
10. Springer
11. Become The Scum

Sortie le vendredi 23 novembre 2018

Ne pas se fier aux roses de la pochette. It’s Not Nothin’ n’en a clairement pas l’odeur même s’il en conserve les épines. Crade et punk, ce nouveau Workin’ Man Noise Unit s’avère fortement jubilatoire.

Trois années quasiment jour pour jour après Play Loud, Workin’ Man Noise Unit revient et presque rien n’a changé. Guitare carnassière, basse affolée, batterie trépanée et grouillements synthétiques viennent épauler les deux voix travaillées au houblon, le tout au service de morceaux que l’on pourrait croire de prime abord trop grossiers. Envoyant valdinguer bien loin des enceintes toute forme d’embellissement, la musique des Anglais sent toujours la bière, la sueur et explose les limites strictes du bon goût (pour peu que de telles limites aient jamais existé). Voici donc It’s Not Nothin’ (le groupe semble encore fâché avec le « g ») et ses onze occurrences qui débordent du cadre, bavent, suintent et mettent en avant leur côté punk dégueulasse, bien plus que sur leur album précédent. À ce stade, c’est déjà très séduisant. Mais Workin’ Man Noise Unit ne s’en tient pas là et leur grand truc, c’est cet habillage synthétique qui fournit aux morceaux un souffle décidément bien singulier. L’amalgame n’est certes pas nouveau mais entendre ici ces riffs massue chevillés à une ossature électronique bruitiste précipite chaque titre dans une sorte d’entre-deux indéterminé. Hésitant en permanence entre arrachage et trip cosmico-barré, It’s Not Nothin’ ne fait jamais mentir son titre. Les onze brûlots se succèdent sans temps morts et balancent des bourre-pifs à tire-larigot où s’entremêlent poussières de garage, gros bouts de sludge, quelques pincées hardcore, un soupçon de stoner et beaucoup de punk et de rock’n’roll, maintenant brillamment l’équilibre et la dynamique tout du long. Dès qu’un riff devient trop pachydermique, une zébrure synthético-distordue vient immédiatement le taillader pour le délester de ses kilos excédentaires, quand l’électronique devient trop perchée, la rythmique indéboulonnable la ramène tranquillement au sol, seule compte la course en avant que rien n’arrête.

D’emblée, le bien nommé Opener annonce la couleur : chaotique mais surtout carré, la voix (qui rappelle de loin celle de Joe Strummer) s’ébroue sur un parterre sludge tout à la fois vif et exténué. On aura plus d’une fois l’impression au cours du disque d’assister à la course inattendue et pleine de grâce d’un hippopotame boueux disputant la finale olympique du 110 mètres haies. Et ce, sans jamais se casser la gueule. Car derrière le bruit partout, en grattant la crasse, on décèle des morceaux surtout très bien écrits. Turn It Off, Workin’ Man Blues ou Rathaus, montrent un groupe à même de sculpter ses échardes et de broder un canevas étonnamment subtil de ses doigts gourds. Partagé entre écume punk et psychédélisme plombé, It’s Not Nothin’ file à la vitesse de l’éclair, ne s’égare jamais et se révèle franchement jubilatoire. Sur l’ultime et charmant Become The Scum, Workin’ Man Noise Unit lève même le pied, quitte ses guenilles hirsutes et met en avant toute sa sensibilité. On l’avait pressenti, cette chouette collection de sous-bocks érodés par la cendre et gorgés de bière éventée cache en son sein un spleen profondément insulaire. C’est sûr, c’est plutôt moche et ça ne sent pas vraiment la rose mais c’est aussi très prenant et on a l’impression de partager avec la Noise Unit quelques ecchymoses. « Our new record is called IT’S NOT NOTHIN’ and it has 11 songs. It was recorded, mixed and mastered by Wayne Adams. We reckon he even managed to make us sound half-decent, despite our best efforts. » préviennent-ils sur leur page bandcamp et c’est vrai qu’il y a quelque chose de Death Pedals dans la musique de Workin’ Man Noise Unit, une même approche du son tout à la fois scintillant et dégueulasse. Bref, vous l’aurez compris, cet album est un incontournable toujours en provenance de Riot Season - dont l’ADN correspond pile-poil à celui du groupe, l’album ne pouvait pas sortir ailleurs - et surtout, une incontestable réussite.

Et ça, effectivement, ce n’est pas rien.

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