1. Haïku 1
2 . Haïku 2
3 . Haïku 3
4 . Haïku 4
5 . Haïku 5
6 . Haïku 6
7 . Haïku 7
8 . Haïku 8
9 . Haïku 9
10 . Haïku 10
11 . Haïku 11
12 . Haïku 12
13 . Haïku 13
14 . Haïku 14
15 . Haïku 15
16 . Haïku 16
17 . Haïku 17
18 . Haïku 18
19 . Haïku 19

Sortie le jeudi 28 février 2019

Si l’annonce d’un nouvel album de S.H.I.Z.U.KA. ne génère plus vraiment d’étonnement tant le Français est productif, la répétition de ces sorties n’atténue en rien l’excitation qui accompagne la découverte de chacune d’entre elles.

Auteur ces dernières années de disques aussi marquants que Between, Isolated ou Illusion, S.H.I.Z.U.KA. semble toujours inspiré sur un Infinite Eyes néanmoins empreint d’une certaine évolution. Huit mois après un Proto Crystal City Rushes paru chez With Ectoplasms Adjunction et quatorze mois après sa dernière sortie siglée Chez.Kito.Kat, l’artiste poursuit un rythme de production aussi métronomique que stakhanoviste avec un album tout aussi dystopique qu’à l’accoutumée. Pourtant, à bien y regarder, c’est surtout dans la suggestion que s’impose ici la noirceur.

L’IDM industrielle de celui qui nous avait fait l’honneur de participer au douzième volet de notre compilation IRMxTP ne s’embarrasse d’aucun artifice. Traduisant la grande aisance technique de son auteur, Infinite Eyes n’a pas besoin d’empiler les couches sonores pour invoquer une quelconque complexité. Il s’appuie également sur le brillant et ample mastering de Christophe Biache aka Mr Bios, co-fondateur du label Chez.Kito.Kat auquel est fidèle S.H.I.Z.U.KA. depuis six années et autant d’albums.

Si les polyrythmies martiales sont savamment maîtrisées et atteignent leur apogée sur des Haïku 6 et Haïku 18 Warpiens, les boucles atmosphériques noires enlacent les saccades rythmiques et désorientent ainsi l’auditeur. Faut-il y voir un éloge de la destruction ? Chacune des dix-neuf pistes dInfinite Eyes – référence à ceux de Moscou ? – s’intitulant Haïku, il est possible d’y repérer la célébration de l’évanescence souvent associée à ces poèmes japonais aussi bien que l’absence de singularité des différents composants du disque. Les masses seraient donc observées et formatées par le pouvoir dirigeant ?

Les clins d’œil au Japon ont toujours jalonné la discographie de S.H.I.Z.U.KA. et les thématiques du disque, comme son artwork soigné et ultra-référencé, le confirment. La fascination d’Anthony Dokhac pour le pays du soleil levant semble s’accompagner de quelques réserves et, sans surprise, ses compositions font écho aux clubs underground d’Harajuku plutôt qu’aux traditions d’Asakusa.


Pensé comme un patchwork, les ambiances se succèdent et seule une écoute attentive dInfinite Eyes permet d’en apprécier le subtil liant. Aussi, il serait facile de passer à côté de l’expérience, ce qui serait bien regrettable tant l’étiquette d’Intelligent Dance Music n’est ici – et c’est de plus en plus rare – absolument pas galvaudée. A l’instar d’une calligraphie aboutie, il convient donc de réellement s’attarder sur Infinite Eyes pour en apprécier une justesse technique et une créativité bien au-dessus de la moyenne. Sous peine d’être envoyé au tatami sans être honoré par la moindre médaille.

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