Sortie le mercredi 22 avril 2020

1. exaltation
2. joy
3. stardust
4. afterglow
5. savour
6. beatitude

À chaque nouvel opus en tant que Massaith, Anatoly Grinberg - dont on reparlera bientôt de l’impressionnant Dust Forbids the Bird to Sing avec l’ex Zoviet France, Mark Spybey, successeur de ce bijou - nous plonge un peu plus avant dans les tréfonds d’un subconscient soumis aux tumultes des souvenirs et des cauchemars.

Après les très longues progressions cinématographiques et hallucinées de II, et la piste unique de près de 70 minutes encore plus fantasmagorique et mutante de The III, vient donc un 4 - Chapter Two, légèrement plus accessible dans son format. Pour autant, le titre de ce second volet sorti avant le premier nous promet le même déchaînement de démons intérieurs, d’abord en apparence plus feutré sur le dronesque Exaltation qui n’en ménage pas moins quelques éclairs de violence harsh annonciateurs de la tempête sous un crâne qui va suivre.

Si le dissonant Joy pulse et larsène discrètement, actionnant par intermittence les soupapes de la persistance traumatique pour mieux en laisser échapper le trop-plein de tension mortifère, c’est avec le bruitiste Stardust aux rythmiques désagrégées puis un Afterglow dont l’infernal moteur n’est pas sans évoquer le camion qui ornait la pochette de II que la machine se met vraiment en route, menaçante et harceleuse comme le poids lourd psychopathe au conducteur désincarné de Duel. Il faut dire que Massaith signifie "camion" en hébreu et que le projet est tout particulièrement influencé par les récollections du service actif que le Moscovite d’adoption dut effectuer dans l’armée de son Israël natal comme chauffeur de camion militaire. On est donc certes dans l’abstraction, mais une abstraction qui doit aussi beaucoup à la musique concrète et à des visions bien réelles, et qui stimule donc fortement l’imaginaire le plus anxieux, comme c’est le cas du grouillant et lancinant Savour, sommet magnétique et hanté d’un disque qui n’en manque pas.

Quant à Beatitude, parfaitement raccord avec l’artwork de tourments dans les ténèbres du patron d’Ant-Zen et Hymen Records Stefan Alt, il clôt l’album sur 23 minutes de bourdonnements et de râles digitaux étouffés dignes d’un Enfer dématérialisé, où un million d’hyménoptères numériques persécuteraient pour l’éternité les âmes damnées du cloud. Dérangeant mais captivant, ou vice-versa.



( RabbitInYourHeadlights )

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