1. Empty Towns
2. Weather Beaten
3. Push You Out To Sea
4. Loyalty
5. Rusty Sling
6. Nobody Moves And Everybody Talks
7. It Was Important
8. A Swarming Tide
9. Paradise
10. As Your Street Gets Deserted

Sortie le vendredi 29 mai 2020

Avec Push, HEADS. exacerbe tous les traits qui nous attachaient à Collider et met sur pied un incontournable.

O.K., on est bien sûr en retard. L’album a déjà été largement commenté et disséqué par ailleurs mais voilà, difficile de réprimer l’envie d’en dire quelques mots. C’est que Push est certainement un cran au-dessus de Collider (2018), le pourtant déjà très excellent précédent (qui, lui-même, était à des années-lumière de l’éponyme de 2015) bien qu’il soit difficile d’expliquer en quoi. Toujours le même triumvirat obligatoire associant guitare, basse et batterie, toujours la voix étrangement froide d’Ed Fraser, toujours ce chouette amalgame noise-rock-indus tangentiel et très très dark où la glace se consume en flammes et inversement.
Qu’est-ce qui a changé ? Rien. Tout est à sa place mais sans doute Push se montre-t-il tout à la fois plus nuancé et plus contrasté, ce qui suffit à lézarder l’inoxydable carlingue, laissant l’air et la lumière s’insinuer. Du coup, le monolithe, bien qu’encore massif, est moins monolithique et les morceaux gagnent en variété. Le paradigme ciel de traîne charbonneux est préservé et c’est dans les interstices que se cache le changement (et sans doute dans le line-up un chouia modifié puisque Nic Stockmann remplace Peter Voigtmann derrière la batterie).
Bref, tout est pareil et pourtant, rien ne l’est. Collider enveloppait parfaitement les neurones et pliait les idées, Push fait exactement de même mais le fait encore mieux. L’écouter, c’est sentir vibrer le pouls urbain peuplé de spectres, c’est se sentir seul aussi mais vivant. HEADS. se montre toujours aussi efficace lorsqu’il s’agit d’esquisser un décor qu’il s’amuse ensuite à saccager via ses tombereaux d’énergie froide chirurgicalement maîtrisés.

À le lire comme ça, on pourrait croire que pas grand chose ne s’y passe et c’est pourtant tout l’inverse. C’est vrai que Push est bardé d’un vernis vertical qui peut tenir à distance : ses barbelés glacés, son économie manifeste, sa basse menaçante et mortifère, la voix qui ne vaut pas bien mieux, de prime abord, tout est délavé. Mais ça irradie et les morceaux manifestent une sorte d’urgence inquiète qui vire souvent à l’exaltation : si tout est ténu, ça déborde pourtant. Qu’HEADS. retiennent les chiens (Empty Town, Rusty Sling et quelques autres) ou les lâchent (Weather Beaten, Nobody Moves And Everybody Talks et quelques autres), il s’engage totalement dans ses diatribes maussades et se montre en permanence convaincant.
Push en impose. La tracklist fait preuve d’une grande précision en soufflant en permanence le chaud et le froid, le plomb et l’apesanteur. Le relief a beau être fracassé, il semble taillé au laser : l’introductif et déclamatoire Empty Town ne prépare absolument pas au déferlement circulaire de Weather Beaten et Push You Out To Sea qui eux-mêmes ne laissent en rien présager de la teneur du plus halluciné et ténu Loyalty et ainsi de suite jusqu’à la fin. Ça et là, quelques morceaux de bravoure - Weather Beaten, Rusty Sling ou Nobody Moves And Everybody Talks envoûtent différemment mais sûrement - même si c’est bien l’ensemble qui donne le tournis.
Et puis, HEADS. n’ayant décidément rien à cacher, il faut bien reconnaître que la très graphique pochette participe à notre attachement au disque : les paroles, la tracklist, quelques informations sur fond orangé et basta. Clair, net, précis.
Et parfaitement irrésistible.


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