Sortie le vendredi 4 septembre 2020

1. Huh ? Chedt Breez Intro (feat. Bunga)
2. Demon in a Pit (feat. Brandt)
3. Cornfield
4. Egg Breakers Inc. (feat. Lt Headtrip)
5. Blister Willam Mooney (feat. Bunga)
6. Foods We Eat (feat. Jack Wilson)
7. Low-Fat Cool Whip (feat. Duncecap)
8. Huh ? Chedt Interviews Brian
9. You Are Hallucinating (feat. Bloodmoney Perez)
10. Sheesh, This Kid’s Got Gumption ! (feat. Cunabear)
11. Playgore Gorms
12. Highland Novena (feat. Bunga)
13. Jars Like Pickles (feat. Iceberg Theory)
14. Loincloth in the Sauna (feat. Brandt)
15. I Hustled These Streets (feat. John Dorsey)
16. Post-Destruction Elvis (feat. Lt Headtrip)
17. The Dream Team (feat. Eric Augenstein)
18. Huh ? Chedt Breaks it Down w Dr. Topto
19. Full Body Voltron Cast (feat. Lamon Manuel)
20. Traced Palm Springs (feat. Bloodmoney Perez)
21. Huh ? Chedt the Critic (feat. Bunga)
22. Rhinestone Doughboy
23. Starchy Sandwich Buds (feat. Duncecap)
24. DUNCE VHS (feat. Duncecap)
25. Hot to Trot ! (feat. Cody Cody Jones)
26. Witch Kissing Techniques (feat. Brandt)
27. Got Time Bruv ? (feat. Lt Headtrip)
28. The Headtrip Hole (feat. Lt Headtrip)
29. Lasagna Pots
30. Mortgage Stranglers (feat. Lt Headtrip)
31. For a Bad Time Call (feat. Bunga)
32. Huh ? Chedt Begins to Slip
33. The Sup Bub Retirement Plan (feat. Jack Wilson)

En 2020, comme chaque année, il y aura eu quelques disques pas suffisamment écoutés pour prétendre à une place néanmoins méritée dans mon bilan. Habituellement, il s’agit d’albums foncièrement expérimentaux, plutôt labyrinthiques, atmosphériques, ardus, plombés, et pas forcément découverts dans les meilleures conditions. Sup Bub, vous l’aurez compris ne serait-ce qu’à sa pochette, ne fait absolument pas partie de cette catégorie et pourtant un rattrapage s’impose, 4 petits mois après sa sortie - pas encore une éternité à l’échelle d’internet mais pas loin.

Il faut avouer que pour le rédacteur d’IRM forcément fan du rappeur virginien - qui rappelons-le faisait partie en 2017 de nos 25 artistes incontournables suite à la parution du fabuleux An Interior History - et donc coutumier de l’équilibre, somme toute plutôt rare dans le hip-hop d’aujourd’hui, qu’il parvient à trouver sur chaque sortie ou presque entre expérimentations et accessibilité, spleen et beats au cordeau, mélodies libertaires et ambiances claires-obscures, Sup Bub ne caresse pas vraiment dans le sens du poil. Jingles ironiques, mise en abîme rigolarde, interviews entre potes, philosophie ludique, autodérision funkysante, cartoons musicaux, imitations de wah-wah aux airs de miaulements félins et autres featurings quasiment familiaux émaillent en effet ce disque joyeusement bariolé aux vignettes ultra-courtes, labyrinthique à sa manière certes mais cultivant l’art du contrepied (la plupart des morceaux mutent radicalement à mi-parcours), de l’ironie et du second degré plutôt que celui de perdre l’auditeur dans les recoins de ses états d’âme et de ses métissages soniques. La mélancolie et les samples à tiroirs du MC et producteur américain ont ainsi laissé place, sans pour autant s’effacer totalement, à un grain de folie tout aussi baroque et protéiforme mais qui confine au happening voire à la blague assumée, et il faudrait déjà être anglophone ou prêter suffisamment attention aux lyrics, annonces et autres dialogues décalés pour vraiment apprécier du premier coup cette étrange collection pop art qui recèle pourtant son lot de pépites et de titres chewing-gum - comprendre, qui vous colleront au cerveau après avoir été machouillés deux ou trois fois.

On citera d’emblée ce métamorphe Demon on a Pit avec en guest l’excellent Brandt Dykstra, auteur par ailleurs d’un artwork moins naïf et plus troublant qu’il n’y paraît lorsqu’on y regarde de près, le soundtrack à la Tex Avery se muant en trip-hop jazzy de Cornfield, le virage menaçant de Foods We Eat en cours de track, l’étrangement rétro Sheesh, This Kid’s Got Gumption ! avec le compère Cunabear (qui nous gratifiait lui-même en décembre d’un joli projet parallèle entre easy listening Ninja-Tunesque, psychédélisme et électro-hip-hop planant), un Rhinestone Doughboy que n’aurait pas renié Edan, un Witch Kissing Techniques délicieusement lo-fi façon Captain Murphy, l’exotica droguée de Lasagna Pots ou encore Mortgage Stranglers avec l’omniprésent Lt Headtrip, inconnu au bataillon. Pour le reste, à vous de garder l’esprit ouvert et d’explorer cet étonnant melting-pot d’indie rap post-moderne comme revisité par l’esprit du Saturday Night Live, difficilement comparable à quoi que ce soit dans le paysage actuel.



( RabbitInYourHeadlights )

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