Sortie le mardi 23 février 2021

1. bitter
2. distress
3. glumness
4. melancholia
5. repentant
6. groan
7. guilt

Suite - ou plutôt préquelle - d’un second chapitre publié en premier l’an passé pour des raisons indépendantes de la volonté de son auteur, 4 · My Inner Demons Speaks · Chapter One est plus que jamais un concentré de mal-être à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Définitivement aux antipodes de l’electronica mélodique de Tokee, et même autrement plus ardue que les travaux du stakhanoviste russe en compagnie de l’ex Zoviet France, Mark Spybey, la musique de Massaith avec ses samples bruitistes et ses collages hantés a toujours été un challenge pour tympans avertis, challenge plus que jamais récompensé par ce 5e opus particulièrement intense et évocateur.

Usant essentiellement de samples dérangeants et de distorsions déstabilisantes (Bitter), de synthés anxiogènes et d’éclats de beats post-industriels tombant de nulle part comme une pluie de shrapnel (Distress), de glitchs rythmiques (Groan) et de drones en déréliction (Glumness), Anatoly Grinberg évacue ses névroses à grand renfort de fréquences caverneuses et de grouillements atonals, mais sous forme d’assauts subsoniques sur notre subconscient, autant dire loin des standards "progressifs" et souvent pénibles d’un dark ambient moribond. On est en effet plus proche ici d’une rencontre fantasmée entre la violence savamment sculptée d’Ant-Zen (qui héberge ce nouvel album ainsi désormais, via sa filiale Hymen Records, que la plupart des travaux du musicien d’origine israélienne découvert dans nos pages du temps de Tympanik Audio), les abîmes dépressifs et morbides de The Third Eye Foundation et les psychoses abstract/gothiques de Cindytalk ou Coil, croisement au sommet donc qui culmine sur l’hypnotique et proprement infernal Repentant, dans le même temps strident et sépulcral jusqu’au malaise, entre rythmiques faites de bric et de broc, grondements d’outre-tombe et gémissements numériques.

Il faudra ainsi attendre les 11 minutes de Guilt pour enfin sentir la lumière se frayer difficilement un chemin à travers les rares interstices pourtant bien colmatés de cette allégorie d’une psyché tourmentée, claviers impressionnistes et pads luminescents nageant au ralenti comme des bulles d’oxygène au fin fond d’un océan d’aliénation pour faire de ce final un climax atmosphérique d’autant plus fascinant sur le chemin du Massaith vers la rédemption et, on l’espère, la guérison.



( RabbitInYourHeadlights )

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