Photo : l’équipe d’IRM en plein scrutin pour l’album du mois de mai - blague à part s’il arrive que nos sélections soient le reflet d’un certain consensus dans l’équipe, le classement est parfois plus aléatoire comme ici, limite du vote à 10 albums oblige puisque ce mois de mai a particulièrement brillé par sa profusion de grands disques - on le dit souvent certes, l’underground ne tarissant pas de richesses, mais les chroniqueurs musicaux savent bien que mai, comme septembre/octobre ou janvier, est en général un très gros mois pour les sorties.

Les disques qui suivent ont ainsi tous eu les faveurs d’au moins 2 rédacteurs, mais jamais plus de 3, le désavantage du trop-plein d’écoutes ! Pour autant, nous ne pouvons que tous vous les conseiller si vous commencez à faire le plein de nouvelles musiques diverses et variées à emporter avec vous pour l’été, qui s’agisse d’en épouser l’humour chaleureuse et bucolique ou au contraire de l’assombrir un peu...


Nos albums de mai 2021



1. L’Effondras - Anabasis

"Ce n’est plus tout à fait le même groupe - Raoul Vignal remplace désormais Pierre Josserand à l’autre guitare - et d’emblée, ça se sent. Quelque chose a changé. Tout au fond, bien planquée dans l’arrière-plan de l’arrière-plan, une imperceptible variation, rejoignant la surface par intermittence mais sur laquelle les neurones bloquent de prime abord.
Pour autant, Anabasis n’a aucun mal à convaincre et la subtile variation n’empêche nullement l’attachement à ces cinq nouveaux morceaux. Au final, plus que jamais, L’Effondras demeure ce trio hermétique qui joue l’impalpable, le caché et l’invisible. Le silence comme la nature y trouvent une enclave pour s’exprimer et même s’il y a aujourd’hui beaucoup de joliesse, peu importe, ça reste tout de même encore - comme le silence et la nature - bien heurté.
Après tout, le renouvellement d’un tiers de trio n’entraîne pas obligatoirement le renouvellement complet du paradigme et comme la vibration étrange qui se dégage du groupe a toujours donné l’impression de le dépasser complètement, on comprend bien pourquoi, au fond, L’Effondras reste (et restera toujours probablement) L’Effondras."

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(leoluce)


2. Raoul Vignal - Years in Marble

Depuis trois ans, les sorties du label de chevet qu’est Talitres peinaient à atteindre les sommets de la période faste 2015-2017. Mais il ne s’agissait que de reculer pour mieux sauter, l’écurie française - qui avait tout de même repéré l’excellent Feldup, auteur d’un superbe album l’an dernier - partageant en un mois la bagatelle de deux chefs-d’œuvre puisque, après Maxwell Farrington & Le SuperHomard, c’est Raoul Vignal qui vient écœurer la concurrence avec une indie folk aventureuse et mélangeuse. Voix chaude, guitare acoustique omniprésente, avec un attrait particulier pour le fingerstyle, rythmique aux accents jazzy et arrangements délicats suffisent pour créer un univers riche, varié, qui prend son temps pour faire monter la tension et parvient néanmoins, paradoxalement, à captiver immédiatement l’auditeur. Après un Oak Leaf plus anecdotique, Raoul Vignal renoue avec les cimes de The Silver Veil et partage quelques pépites (City Birds, Century Man, Silence ou By A Thread) qui ne devraient pas connaitre de date de péremption. Joli doublé pour Raoul Vignal ce mois-ci.

(Elnorton)


3. Moongazing Hare - The Middle Distance

Entre psychédélisme et parfums baroques, la folk distillée par David Folkmann Drost parvient à renverser l’auditeur sur chacun des onze titres que comporte The Middle Distance, nouvel effort du Danois touche-à-tout. Gracile et coloré, ce disque n’en est pas moins exigeant et donne l’impression de renouveler en permanence sa formule, du minimalisme d’un To Make You Stay à la guitare jusqu’aux fulgurances candides du sommet King Neutral’s Dream rappelant Flotation Toy Warning en passant par un The Highland Widow’s Lament pastoral et dépouillé. Entre son compatriote Jacob Faurholt et Sufjan Stevens, Moongazing Hare choisit finalement d’élargir ses influences et terrains de jeu sans perdre le contact avec ses préférences naturelles, lui permettant d’accoucher de titres aussi imparables que Resurrection Bell ou Maize Stalk Drinking Blood qui constituent des chefs-d’œuvre de folk en clair-obscur.

(Elnorton)


4. Masayoshi Fujita - Bird Ambience

Impressionné comme jamais par ce nouvel opus du Japonais que l’on suit pourtant avec délectation depuis plus de 10 ans dans ces pages, on en vient à se demander ce qui a vraiment changé, au fond, sur Bird Ambience par rapport aux déjà superbes Apologues (2015) et Book of Life (2018), les deux premiers albums sortis par l’ex El Fog sur le label britannique Erased Tapes. Serait-ce donc un surcroît d’ambition narrative dans les constructions de ces 12 titres qui donne à cet album, pourtant toujours aussi mélodique et apaisant, un aspect plus labyrinthique ? Davantage de retenue dans le lyrisme par la disparition soudaine de ces cordes cinématographiques qui venaient parfois étoffer les harmonies du vibraphone, comme toujours central dans l’œuvre du musicien ? Un regain d’expérimentation qui s’insinue discrètement dans des compositions pourtant encore plus sereines qu’à l’accoutumée, des polyrythmies et légères déstructurations du morceau-titre au jazz bitcrushé de Stellar en passant par les doux bruits analogiques qui émaillent le bien-nommé Noise Marimba Tape ? A moins qu’il ne s’agisse de cette sensation d’entendre les percussions se fondre peu à peu dans les nappes de synthés éthérées pour laisser place sur certains morceaux tels que Nord Ambient ou Fabric à de véritables méditations célestes d’une grâce invraisemblable ? On n’en percera peut-être jamais totalement le mystère mais le fait est que Masayoshi Fujita vient de sortir son plus beau disque, assurément l’un de ceux qui compteront au moment des bilans de fin d’année des amateurs de musiques atmosphériques séraphiques et racées.

(Rabbit)


5. Nadja - Luminous Rot

Avant que les étiquettes-valises ne commencent à se multplier et que l’on en vienne à parler de dreamsludge ou de metalgaze, Nadja était déjà dans cet entre-deux flou à mi-chemin du massif et de l’éthéré, des rythmiques lentes et pesantes du doom metal et des guitares volatiles du shoegaze ou de l’ambient. Sorti chez Southern Lord, label plutôt connu pour son metal extrême, lourd et poisseux, la dimension aérienne de ce Luminous Rot mixé par David Pajo (Slint) semble encore en surprendre plus d’un et diviser les magazines spécialisés face au duo canadien basé à Berlin, entré dans sa 19e année d’existence... c’est dire s’il y a encore un monde entre ces musiques expérimentales dans lesquelles évolue Aidan Baker en solo comme avec ses divers projets, et le metal des puristes, aussi radical puisse-t-il être. Comment les amateurs d’un genre aussi pluriel et inventif à l’heure actuelle peuvent-il encore se retrouver sans repères fasse à des disques qui en adoptent brillamment certaines sonorités tout en en rejetant le folklore et les codes ? Nous en tout cas on aime toujours autant, l’atmosphère psychotrope et les textures finalement aussi liquéfiées qu’abrasives de ce nouveau chef-d’œuvre en suspension évoquant un MBV ou un Flying Saucer Attack dont les rêveries crépitantes et corrosives se seraient frottées aux batteries des pionniers du sludge tels qu’Eyehategod sous les auspices caverneux du post-punk... des univers à l’époque aussi antinomiques que le titre-oxymore du disque semble l’illustrer.

(Rabbit)


6. Jute Gyte - Mitrealität

A l’heure où j’écris ces lignes, Jute Gyte, l’objet sonore tendance forces du mal enfanté par l’Américain hyperactif Adam Kalmbach, a probablement déjà enregistré nombre de nouveaux méfaits. En attendant, parlons de Mitrealität, tant il détonne, au sein d’une discographie exigeante qui traite autant du savant que des tréfonds métalliques, dans sa relative concision (près d’1h10 tout de même) et sa structure.
Introduit dans l’urgence (The Grinding Sword with Discontinuous Wound), avec fracas et sans crier gare, par une bonne dose de black metal microtonal cacophonique et dérangeant, dont les riffs perchés dans les aigus engagés dans une course folle rythmée par la batterie rappellent un Liturgy un brin plus tapageur, l’album s’exprime dans les changements. Le malaise, qui se transforme en douleurs et en larmes, où les cris mutent en bruits noyés dans la mélancolie, s’offre un coup de pied aux fesses façon Lightning Bolt (fûts épileptiques presque drum’n’bass et guitare larsenante) pour de nouveau verser dans l’ambient sombre puis reprendre de plus belle. Terres de contrastes où l’on s’étonne parfois de moins de suffoquer mais ce n’est que se fourvoyer tant elles sont ravagées par le souffre... et surtout grand disque !

(Riton)


7. Tapage - Recover

Le Néerlandais est extrêmement actif, si bien que nous avons régulièrement l’occasion de louer la qualité de ses productions - ce fut encore le cas l’été dernier avec un magnifique EP avec Tokee - et ce Recover compilant des morceaux anciens retrouvés sur quelques disques durs évite l’écueil du genre en s’avérant tout à fait cohérent. Il faut dire que l’artiste a toujours été principalement attiré par des sonorités sombres, lesquelles de l’IDM façon Plaid d’un 114120All au dark ambient de We All Became en passant par les polyrythmies d’un Able To NSet Aphex Twinien, s’assemblent et se complètent tout à fait. Le producteur s’autorise même un featuring avec Access To Arasaka et convie quelques compagnons pour revisiter certains morceaux. Ce mille-feuilles de braindance industrielle ne constitue peut-être pas l’œuvre la plus ambitieuse de Tapage mais il est suffisamment complexe et étoffé pour en justifier le partage et l’écoute approfondie.

(Elnorton)


8. Squid - Bright Green Field

Loin de faire l’unanimité dans l’équipe d’IRM, la sortie de ce nouvel album de Squid, généreusement couverte par la presse à grand tirage, suscite autant d’élans dithyrambiques que de crispations snobs. J’emprunterai le boulevard creusé entre les deux camps. Dans le sillon des Black Midi et autres Black Country New Road, ces jeunes Anglais révélés par le producteur Dan Carey confirment leur intention de marquer la scène Indie Rock avec cet album particulièrement abouti, baroque et aventureux. Si on peut s’étonner de trouver dans ce chant hirsute psalmodié, dans ces guitares brillantes et saccadées, dans ce rythme robotique, des sonorités qui semblent reprendre la musique là où les Talking Heads l’avaient laissée, on peut se réjouir que cette résurrection (qui confine parfois au mimétisme) s’enrichit d’une multitude de clins d’œil : des grappes mélodiques dissonantes et math-rock (Battles est passé par là), des jaillissements noisy, une progressivité jazz-rock, des libertés volées au free jazz et des expérimentations électroniques. Un kaléidoscope qui n’a peut-être pas l’audace de la révolution (et à mon avis, pas l’ampleur de l’album de Black Midi sorti presque en même temps), mais qui a le mérite d’irradier un public large par sa profusion jubilatoire.

(Le Crapaud)


9. Czarface & MF Doom - Super What ?

D’autant plus touchant que l’on y retrouve comme sur leur cinquième opus Czarface Meets Metal Face ! le regretté MF Doom, Super What ? voit le MC du Wu-Tang, Inspectah Deck et le duo de producteurs Esoteric et 7L creuser le sillon futuro-pop et ludique de leur excellent Czarface Meets Ghostface d’il y a deux ans. Baroque et coloré comme du Edan ou pas loin, ce 9e LP en 8 ans du prolifique trio ricain multiplie carillonnades soul improbables (The King And Eye), synthés crayola, samples psyché et références geek, de Star Wars (Mando Calrissian) et Marvel (This Is Canon Now) au parlant Jason & The Czargonauts - avec un autre explorateur de l’indie rap ligne claire, Del The Funky Homosapien (Deltron 3030, Hieroglyphics) - en passant par les fausses pubs de DOOM Unto Others, l’auto-célébration décalée de A Name To The Face ou le faux rap d’ascenseur jubilatoire d’un Break In The Action qui pourrait être un hommage à l’easy listening de Piero Umiliani, non sans une ou deux incursions plus sombres et urbaines (Czarwyn’s Theory Of People Getting Loose). Mais l’incontestable joyeux de ce disque, c’est son final Young World, ode des désormais papas gâteaux du hip-hop 90s à leur progéniture en une poignée de leçons de vie débonnaires telles qu’on aimerait en entendre plus souvent en lieu et place du sexisme, de l’argent facile et de l’egotrip bêtifiant des têtes de gondole en carton du rap d’ailleurs comme d’ici.

(Rabbit)


10. Mandrax & Captagon - Long Tales

Après la cinématique industrielle de l’excellent IndusHeartIssues aux élans tantôt épileptiques ou downtempo, c’est une belle année qui continue pour Mandrax & Captagon, projet instrumental hypnotique aux accents expérimentaux et mélangeurs du producteur R$kp, qui nous servait quelques semaines plus tôt Le Grand Oeuvre, album collaboratif avec quelques-uns des rappeurs indé français les plus intéressants du moment (à condition de ne pas être allergique aux sonorités trap, on préfère prévenir !). Sur Long Tales, l’Occitan est cependant dans un tout autre univers, et cette fois l’écrin abstract/indus de Mandrax & Captagon laisse place à des influences allant du dub et des synthés façon John Carpenter (Atomic Wishes) jusqu’à la transe psychédélique (Destructured Venom) en passant par la musique indienne traditionnelle (Hashischins Club) ou l’IDM versant acid (Acid Whisper), toujours au service d’instrumentaux immersifs aux beats deep et aux atmosphères insidieuses. Une réussite, qui évoque certains pionniers de la musique électronique des années 90 tels que Beaumont Hannant ou Scorn pour la diversité de leurs influences et la qualité organique de leurs productions.

(Rabbit)


Les EPs du mois


1. Grosso Gadgetto - The Shell of My Body

Retour au tout-instrumental pour Grosso Gadgetto après l’excellent WOKE sur lequel sévissait le rappeur Oddateee, The Shell of My Body s’avère être un parfait compromis entre le beatmaking, industriel aux entournures, que l’on connaît au Villeurbannais depuis Paranorama (cf. le morceau-titre, ou It Is Not Fair à la hauteur des belles heures de Dälek) et les incursions plus drone ambient du récent Avalanche par exemple (Insomnia). Dès Animal Instinct avec ses samples d’insectes grouillants et de jappements malaisants, on comprend que ce dernier aspect sera tout autant si ce n’est plus que les instrumentaux rythmiques un vecteur de névroses, et si le contrasté Addiction met déjà la barre assez haute en terme de soundscapes vertigineux aux harmonies lancinantes et hantées, c’est sur le bien-nommé All These Voices In My Head que culmine ici en un crescendo aussi intense qu’épuré la mise en musique des tourments intérieurs de celui que l’on qualifiera désormais moins de beatmaker que de façonneur d’atmosphères. Prenant !

(Rabbit)


2. Valgidrà - Watercolor Patchworks

Grosse actu du côté du Breton Valgidrà, puisqu’outre ce très bel EP, on le retrouvera aux côtés du sous-nommé Alex de la Pampa (Saajevo) mais également auprès de Konejo (avec qui il partageait déjà l’année dernière l’excellent Matchmade Screens) en version long format. Si l’électro warpienne de son Warplush Vol. 1 de novembre dernier faisait office de gros bonbon, c’est plutôt du côté de ses premiers amours pour le trip-hop qu’il faut chercher ici, avec une série de 4 jolis featurings vocaux enregistrés un an plus tôt : sensuel, lancinant, touchant sont autant d’adjectifs qui conviennent à une musique qui bien que perfectible dans le son fait déjà chaud et illustre les talents démontrés aujourd’hui.

(Riton)


3. Alex de la Pampa - Pampero

Moitié, avec Valgidrà justement, du duo Saajevo dont le successeur du premier opus Hidden Ambitions s’intitule UP et vient de sortir, Alex de la Pampa contribue lui aussi à nous faire patienter avec un EP 4 titres. Pas de trip-hop pour le Nantais cependant mais plutôt des bangers décadents aux atmosphères plus ou moins sombres (Jan21) ou colorées (What Will I Do), qui incorporent à leur pop électronique cette fois dénuée de chant des influences house versant expérimental, chiptune ou même plus ambient à l’image du final Dead Whales, dont la transe futuro-tribale hypnotique et hallucinée prend à contrepied un At Night épileptique et azimuté. Une incursion instrumentale aussi surprenante que réussie !

(Rabbit)


3. 131 - Autumn in May

Smokey131 s’est délesté de la première partie de son pseudonyme pour n’en conserver que les chiffres. Le producteur allemand a, en revanche, maintenu les ingrédients essentiels à l’univers qu’il tisse de manière prolifique, entre sorties régulières et collaborations diverses (notamment avec le projet Thorts131 l’an dernier), intégrant des beats tranchants relativement old school au milieu d’instrus basés sur des samples et synthés psychédéliques et mélancoliques. L’abstract hip-hop de l’Allemand revêt un caractère granuleux, l’imperfection semble délibérément recherchée par ce dénicheur de samples, particulièrement amateur d’arrangements de cordes renversants. Un EP généreux et désarmant.

(Elnorton)




Les bonus des rédacteurs


- Le choix de Rabbit : Gimu - An Outburst, A Yell

Dédié à un ami emporté par le Covid-19, ce nouvel opus de Gimu cueillera les fans en terrain connu, entre drones déliquescents, tourments chuchotés, textures sismiques, crépitements abrasifs et pulsations éparses. Toujours aussi sombre et névrotique, l’ambient du Brésilien est surtout l’un de ces univers dans lesquels on adore se perdre disque après disque, la rétine brûlée par un soleil noir, au gré des labyrinthes mouvants et hantés de ces compositions organiques qui semblent se développer de leur propre initiative. Un véritable antidote aux productions aseptisées de tout un pan des musiques électroniques et à une certaine uniformisation de l’ambient à synthés sous l’influence des têtes de gondoles telles que Tim Hecker ou OPN. Batucada noise habitée aux allures de fuite en avant, le final The Lair Of A Killing Despair incarne ainsi à la perfection cette inspiration inclassable qui doit autant à Can qu’aux musiques bruitistes les plus radicales, à Cut Hands ou Coil qu’au harsh noise ou au black metal.



- Le choix de Elnorton : Moby - Reprise

Très client de l’essentiel des sorties de Moby - à quelques ratages près - je n’étais pourtant pas très optimiste concernant ce Reprise revisitant certains titres de son répertoire en s’appuyant sur l’orchestre de Budapest. Il convient parfois de passer au-delà de certains a priori négatifs puisque ce disque évite les écueils souvent inhérents à l’exercice. Moby a en effet choisi de réenregistrer chacune des parties des morceaux sélectionnés, d’en modifier parfois la structure et de s’entourer de tiers, donc, pour les parties symphoniques mais également vocales voire rythmiques. Les invités, parfois trop emphatiques au niveau des voix, constituent le seul point de réserve du disque, mais ces reprises, à bien des occasions, surclassent la version originale, les cordes savoureuses de l’orchestre de Budapest participant à cette transcendance. Des sommets comme God Moving Over The Face Of The Waters ou Porcelain paraissent plus puissants et variés que les versions d’origine - est-ce parce que nous ne les avions pas écoutés depuis quelques années ? - tandis que des titres plus anecdotiques s’en trouvent métamorphosés, à l’instar d’un Lift Me Up bénéfiquement plus pondéré. Everything Was Beautiful and Nothing Hurt, paru il y a trois ans, rappelait au monde entier que Moby est encore capable de produire des disques fabuleux, sur la crête entre ambient, trip-hop et musique cinématographique. En voici une nouvelle preuve, Reprise étant bien plus qu’un exercice de réactualisation de vieux succès. A savourer.




Les tops des rédacteurs


- Le Crapaud :

1. L’effondras - Anabasis
2. Black Midi - Cavalcade
3. L’Orange & Namir Blade - Imaginary Everything
4. Squid - Bright Green Field
5. Yautja - The Spectacle
6. Dave Holland - Another Land
7. Raoul Vignal - Years in Marble
8. Slope - Street Heat
9. Powerdove - Machination
10. Damien Jurado - The Monster Who Hated Pennsylvania

- Elnorton :

1. Raoul Vignal - Years in Marble
2. Moby - Reprise
3. Moongazing Hare - The Middle Distance
4. Tapage - Recover
5. Masayoshi Fujita - Bird Ambience
6. Fly Pan Arm - Frontera
7. Skee Mask - Pool
8. Squid - Bright Green Field
9. Morcheeba - Blackest Blue
10. Misophone - And So Sinks The Sun On A Burning Sea

- leoluce :

1. FACS - Present Tense
2. J’Entre Par Tes Yeux - s/t
3. L’Effondras - Anabasis
4. Under 45 - Cancelled
5. Varsovie - L’Ombre Et La Nuit

- Rabbit :

1. Masayoshi Fujita - Bird Ambience
2. Moongazing Hare - The Middle Distance
3. Gimu - An Outburst, A Yell
4. Nadja - Luminous Rot
5. Tapage - Recover
6. Jute Gyte - Mitrealität
7. Czarface & MF Doom - Super What ?
8. Loscil - Clara
9. Mandrax & Captagon - Long Tales
10. Some Pretend to Whisper - ARSIA

- Riton :

1. Inferno - Paradeigma (Phosphene of Aphotic Eternity)
2. Jute Gyte - Mitrealität
3. Nadja - Luminous Rot
4. Black Saturn - Modular System - The Complete Guest’s Sessions
5. Portal - Avow
6. Czarface & MF Doom - Super What ?
7. L’Effondras - Anabasis
8. Raoul Vignal - Years in Marble
9. Cyesm - New Worlds
10. Mandrax & Captagon - Long Tales

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