1. Ma Lumière
2. Cours Entre Les Balles
3. Je Flottais
4. Impro2
5. Distance
6. Peor O Mejor
7. Voila L’Obstacle
8. Big Man

Sortie le mercredi 26 janvier 2022

Alors qu’un nouvel album est d’ores et déjà prévu pour avril, retour sur Distance, premier long format de Jean-Pierre Marsal sous son nom propre. En osant le tout acoustique, son blues touche toujours autant.

Je vais essayer de faire court mais ça sera sûrement peine perdu. Court pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un disque désossé. Et que son auteur recherche l’épure. Une guitare, une voix, des textes. Électricité et artefacts synthétiques ont déserté la place. Dès lors, inutile d’en dire trop puisque l’album dit tout.
D’ailleurs, pour coller à ce changement drastique de paradigme, exit 202project, exit l’avatar. Désormais, Jean-Pierre Marsal apparaît tel qu’en lui-même : Jean-Pierre Marsal.
Personnellement, je n’ai pas adhéré immédiatement. Et je ne sais absolument pas pourquoi. À l’écoute de l’EP qui a précédé Distance (en novembre 2020), je voulais retrouver 202project, les atours moribonds qui parsemaient d’éclats noirs et intimes Retour À L’âge De Pierre, Les Cendres Et Le Vent et tout ce qu’il y avait eu avant. Depuis, mon cerveau (ou ce qu’il en reste) a cheminé et franchement, c’est aujourd’hui que j’ai du mal à comprendre comment tout ça ne m’a pas immédiatement sauté aux oreilles : Distance et dans l’exacte continuité des albums précédents. Les éclats noirs persistent, l’ossature pelée et les angles également et surtout, comme 202project, Jean-Pierre Marsal met en mots des trucs coincés à l’intérieur de soi. Normal, c’est exactement la même personne. L’enveloppe est aujourd’hui plus fine, plus diaphane, plus près de l’os mais c’est la même enveloppe. Difficile de ne pas être soufflé.e par sa capacité à faire exactement la même chose tout en faisant très différemment.

On retrouve sur Distance tout ce qu’on trouvait déjà sur DISTANCE-Ep avec quelque titres supplémentaires. Ça happe d’emblée via Ma Lumière (petit changement de déterminant au passage, c’était Cette Lumière sur l’EP) : notes graciles de guitare, blues concret, texte qui n’a l’air de rien mais qui dit pourtant beaucoup. Inutile de décrire par le détail les autres morceaux, ils sont du même acabit.
Parfois, la voix s’emballe, se lance dans des circonvolutions casse-gueule, fraie dans les aigus (Distance) ou change sa scansion (Cours Entre Les Balles) sans jamais rompre le charme. Il faut dire que la guitare ramène systématiquement l’ensemble dans une zone un peu inquiète, grise, qui rompt avec le rouge de la pochette. Parfois, ça prend des airs de Sabbat - Peor O Mejor pour ne citer que lui - mais pour tout dire, Jean-Pierre Marsal habite complètement tous ses morceaux et donne l’impression de s’accrocher complètement à eux, comme s’il risquait de ne plus exister en dehors. Je sais bien que tout ça ne veut probablement rien dire mais c’est pourtant là-dedans que se joue tout ce qui fait que l’on se retrouve fortement lié.e à ce que l’on entend.
On sent bien aussi que son blues est fortement chevillé à ses os, qu’il en a écouté beaucoup (en provenance du Delta), depuis longtemps pour parvenir aujourd’hui à cette déclinaison personnelle qui fait pleurer les atomes. Elle a beau être complètement raclée, chiche et pelée, elle n’en reste pas moins foisonnante, dans ce qu’elle donne à entendre et surtout dans ce qu’elle provoque.
On ne s’ennuie jamais - c’est même captivant - et pour le coup, il n’y a aucune distance entre le moment où débutent les morceaux et celui où ils se retrouvent à rebondir directement dans l’encéphale, activant des connexions enfouies, en ne parlant qu’à nous.


Acheter chez Amazon.fr Ecouter sur Bandcamp

Beautiful Gas Mask In A Phone