Sortie le vendredi 27 janvier 2023

1. Genesis
2. Open Eye
3. Running With The Tribe
4. Fire In Detroit
5. Ursa Major
6. Metropolitan Blues
7. Black Census

Depuis trois ans, sous l’impulsion d’Adrian Younge et de l’ex A Tribe Called Quest, Ali Shaheed Muhammad, par ailleurs auteurs ensemble de quelques BOs néo-blaxploitation d’anthologie (on vous touchait un mot de celle de la série Luke Cage ici), le projet Jazz Is Dead nous régale d’un nouvel EP tous les deux ou trois mois en moyenne, en complicité avec une figure emblématique quoique parfois obscure pour les non-initiés du jazz des années 60 à 80. En attendant sur un 17e volume prévu pour fin avril le pianiste et claviériste de jazz fusion Lonnie Liston Smith, sideman pour Miles Davis et Pharoah Sanders maintes fois samplé par les rappeurs américains depuis les années 90, ce sont Phil Ranelin et Wendell Harrison des excellents et toujours actifs Tribe qui s’associent à la paire de producteurs/multi-instrumentistes, le premier au trombone et le second au sax ténor et à la clarinette basse. Tous deux octogénaires, ils cumulent les collaborations avec des groupes de musiques actuelles, des Red Hot Chili Peppers pour Ranelin à Telefon Tel Aviv ou Carl Craig pour l’aventureux Harrison.

C’est dire si l’on n’est pas surpris par la modernité et la liberté de ce Jazz Is Dead 016, assurément l’un des plus beaux volets de la série avec sa mixture très atmosphérique de jazz fusion et d’abstract dont la luxuriance aux crescendos subtils frappe d’emblée (Genesis). Ainsi, avec ses breaks rythmiques et ses circonvolutions oniriques, Open Eye n’est pas sans évoquer un Tortoise sur lequel évoluerait sans garde-fou un Wendell Harrison colemanien à coups d’élans dissonants parcimonieux et bien sentis. Hommage ligne claire à leur projet Tribe, Running With The Tribe oscille ensuite entre spleen scintillant et accents future jazz élégants. Plus cinématographiques, Fire In Detroit et plus loin Ursa Major avec ses envolées de wah-wah convoquent quant à eux le psychédélisme et la blaxploitation 70s chers aux tauliers, qui officient en vrac aux percus, flûtes, guitare basse, Fender Rhodes, orgues et autres claviers... et si les cuivres des invités s’y font plus discrets, c’est pour mieux revenir en force sur un Metropolitan Blues épique et feutré à la fois, puis sur un Black Census au groove imparable, final presque funk incarnant le caractère assez irrésistible de ces rencontres aussi fructueuses qu’éphémères, régulièrement chroniquées dans nos colonnes.



( RabbitInYourHeadlights )

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