Sortie le samedi 11 février 2023
1. I
2. II
3. III
4. IV
5. V
En ce début d’année, les aventures soniques du Villeurbannais Grosso Gadgetto ont d’ores et déjà pris de multiples formes, des étranges rêveries texturées du généreux Moontain avec le duo Stalk (aka Philippe Neau et Innocent But Guilty), entre épopées électroniques et ambient futuriste, au vibrant This sad and endless road, requiem élégiaque dédié à un ami trop tôt disparu qui n’est sans évoquer les excellents Hammock. Toutefois, pour le moment du moins, c’est à Violenza que l’on a choisi de consacrer quelques lignes, un album publié par l’omniprésent Mahorka et qui condense tout ce qu’il y a plus magnétique et saisissant chez l’auteur de Come With Me (sorti sur le même label l’an passé) lorsqu’il choisit de laisser les beats et autres incursions hip-hop de côté - y compris l’artwork expressionniste de Sagana Squale auquel on devait déjà les superbes pochettes des non moins superbes EPs 1984 et Woke.
On retrouve ainsi sur ce nouvel opus de longs morceaux caverneux et saturés aux lentes progressions irradiées d’où s’extirpent guitares aux méditations crépusculaires (I), synthés dystopiques et tourbillons de bruit statique (II), d’autres dont la dimension cinématographique se fait encore plus prégnante par le biais de field recordings grouillants et d’harmonies inquiétantes (III) ou d’une poignée de percussions à la fois indus et mystiques qui en démultiplient la tension (V), d’autres enfin particulièrement opaques et abrasifs où les chapes de textures d’une densité terrassante en deviennent proprement asphyxiantes (IV). Chez Grosso Gadgetto, la violence est larvée, elle s’insinue patiemment dans nos tympans jusqu’au cortex pour y réveiller nos peurs primales et autres instincts reptiliens, nous renvoyant le miroir déformé de nos pulsions inavouées. Aussi morbide et monolithique que puissante et poétique, une plongée dans les tréfonds de la psyché dont vous ne ressortirez pas indemne !