Sortie le vendredi 14 avril 2023

1. Greyhounds
2. In the Glare
3. Doomed !
4. Dodges & Feints
5. Parallel Lines
6. Fidget Spinner
7. The Oracle
8. Uranian Love Song
9. In the Gloom (feat. My Brightest Diamond)
10. Fata Morgana

14 années ont-elles déjà vraiment passé depuis la sortie de Heavy Ghost, toujours mon album de l’année 2009 (bien que seulement 19e ici) ? S’il s’est fait assez discret depuis, avec pour seule véritable sortie solo un Pigeonheart également intense et ambitieux mais un chouia trop grandiloquent en 2016 et les envolées élégiaques et psyché du projet The Revival Hour avec l’ex Earlies JM Lapham qui culminaient sur cet EP, le New-Yorkais n’avait en tout cas jamais vraiment quitté ma liste mentale d’espoirs à confirmer et nous rappelle finalement ce mois-ci à son talent désarmant de songwriter baroque et d’arrangeur aventureux rompu aux subtilités des productions électroniques avec ce Fata Morgana, sur lequel il retrouve juste ce qu’il fallait de mesure pour à nouveau nous embarquer corps et âme.

Dès le lyrique Greyhounds, ça foisonne d’instruments et de textures, tous à leur place avec la lisibilité d’un Sufjan Stevens de la grande époque, et le chant de l’Américain au timbre toujours réminiscent de feu Vic Chesnutt se fait plus lumineux, à la mesure d’un disque qui laisse enfin entrer l’espoir en regardant vers l’horizon... une illusion qui sait, comme pourrait le laisser penser cette référence du titre au fameux phénomène optique du même nom ? Car si le rayonnant In the Glare aux synthés irradiés (une constante sur l’album) ou le mal-nommé Doomed ! avec sa rassurante délicatesse acoustique font encore illusion, la suite commence par jouer sur le faux semblant (l’enlevé Dodges & Feints, classique instantané dont la mélodie n’est pas sans ménager quelques zones d’ombre inquiètes, ou le doux Fidget Spinner tout en reverbs oniriques et cascades d’idiophones qu’un spleen insondable finit par envahir sans crier gare), pour mieux renouer au détour du merveilleux Uranian Love Song mi-chaleureux mi affligé avec les limbes hantées des débuts : d’abord sur le sommet In the Gloom, sérénade anxieuse évoquant les plus belles ballades des derniers Radiohead ou The Smile où tout est, cette fois, dans le titre, et dans les harmonies spectrales de sa comparse du label Asthmatic Kitty, My Brightest Diamond (dont on attend également avec impatience le successeur dA Million and One, 5 ans déjà), puis sur un morceau-titre au piano entêtant et un brin malaisant, petite merveille modern classical au chant fragile et imperceptiblement tourmenté comme on aimerait en entendre sur un album entier.

Grand, très grand disque qui ne révèle ses subtilités et ses secrets qu’au gré des écoutes répétées et confirme s’il était besoin en DM Stith un musicien bien plus substantiel et singulier que cette étiquette indie folk dont certains l’avaient affublé.



( RabbitInYourHeadlights )

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