1. Sur Les Plaines
2. C’Est La Guerre De Partout
3. La Nuit Tombe
4. Dans La Poussière
5. C’Est L’Orage
6. Âmes Perdues
7. Une Fenêtre Sous Le Toit
8. J’Allais Plus Vite
9. Je Ne Connais Plus Personne
10. Encore Un Tour
11. Soleil Du Matin
12. Mon Île
13. Finir Cannibale
14. 4H45 Amiens
15. Yalla
16. 900m Plus Haut
17. Impro Du Dimanche
18. Mon Arc En Ciel
19. J’ai Plus Le Temps D’Être Ambitieux
20. La Dérive

Sortie le dimanche 1er octobre 2023

Jean-Pierre Marsal persiste et signe. Et il fait bien. Je Me Réveille En Solde provoque pas mal de choses.

Vingt titres, pas un de moins, « enregistré[s] et mixé[s] tout seul comme un grand dans mon salon sur une Tascam 388 en juin 2023 ». Jean-Pierre Marsal poursuit son bonhomme de chemin solitaire entamé depuis DISTANCE​ EP en 2020 et ce faisant, affirme ses partis pris et malaxe ses obsessions pour le blues et l’épure. Je Me Réveille En Solde, plus que jamais, en permanence, jusqu’au bout des atomes, c’est lui, sa guitare, ses accords et ses mots. Et comme toujours, après une première écoute circonspecte, convoquant sans cesse le fantôme de 202project, tout ça s’est insinué et, comme pour Distance ou Les Tempêtes, a fait sens.
D’abord, il y a le blues. Pas un ersatz. On les reconnaît bien, les blue devils et les hématomes, les petits riens cabossés et les gros accidents, la vie dure, le bonheur fugace qui se cache dans les interstices et la douceur qui façonnent ces morceaux comme l’argile. Ce qu’on entend n’est ni idéalisé, ni rutilant et encore moins mis à distance, on sent que le moindre glissement de doigt est soutenu par un truc qui se passe autour de la Tascam ou par un souvenir, comme si la vie se transformait immédiatement en notes égrainées sur les cordes. En soi, la guitare raconte déjà beaucoup. Mais il y a aussi les textes. Et eux aussi sont très évocateurs en visant, comme la musique, l’épure. Quelques mots simples suffisent à brosser la réalité d’un moment : « Les paysages qui défilent / Il y a des campagnes et puis des villes / Et quelques visages de profil / Je les empoigne d’un battement de cil » ou « Puis le soir est venu on avait trop discuté / moi et les autres gars qui vivaient dans mes pensées » par exemple créent facilement des images derrière les yeux, comme si c’était notre tête à nous, là, contre la vitre ou notre propre cerveau qui était trop bavard.

Alors, c’est vrai, Je Me Réveille En Solde est complètement pelé, fait souvent grise mine et donne l’impression de n’avoir pas grand chose pour lui mais ce n’est qu’une impression. Il renferme à la fois de vrais mouvements telluriques, des petits bouts de rien, de l’immuable et du fuyant et s’il ne fait beaucoup de bruit, il frappe quand même. C’est fort, cette capacité à ne parler qu’à soi, à toujours donner la sensation d’être en phase, à provoquer tant avec si peu. Tout s’y ressemble mais tout y est différent, les morceaux ne sont pas interchangeables et les concepts qu’ils manipulent touchent à tout et agissent comme autant de focales qui, une fois réunies, ménagent un vrai plan large sur la vie de Jean-Pierre Marsal qui semble souvent parallèle à la nôtre.
Dans La Poussière, C’est L’Orage, les instrumentaux 4h45 Amiens ou Impro Du Dimanche, J’ai Plus Le Temps D’Être Ambitieux et plein d’autres, avec leur douceur, leur élégance, leur colère ou leur exaspération colonisent les pensées. On est même souvent étonné de se rendre compte que l’ensemble passe très vite alors qu’il renferme tout de même un paquet de morceaux. Mais non, pas d’ennui, pas de remplissage, pas de blues au rabais ni de moments où l’on se sent gêné mais plutôt la sensation d’une infinie justesse. Et ça aussi, c’est fort.
Ne ressemblant qu’à lui-même, Jean-Pierre Marsal, plus que jamais, avance à poil et ose un truc courageux parce que très personnel. Un truc pour lequel on se dit qu’il faut être d’humeur mais pas vraiment puisqu’il suffit de lancer l’écoute pour être pris.


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