A sa sortie, son dernier album, le magnifique et aérien Over The Sun, frappait fort dans l’univers de l’ambient lysergique et enthousiasmait plusieurs de nos rédacteurs. Il nous tardait donc d’en savoir plus sur vssp, artiste bordelais estampillé Kalamine Records, qui a accepté de répondre à quelques questions en toute sincérité.




- Bonjour Mathieu. Ton premier album était davantage electro, qu’est-ce qui t’a fait t’orienter vers l’ambient ?

vssp  : Après une longue période infructueuse et sans composition musicale, j’ai renoué avec la création musicale il y a 5 ans par l’investissement dans un système modulaire me permettant d’enregistrer de longues plages de musique ambient. Il ne s’agit donc pas réellement d’une découverte ou d’une discontinuité, mais plutôt d’un fil rouge dans ma musique auquel je reviens régulièrement depuis quelques années.

- Ton quatrième album, Over the Sun, est particulièrement réussi, très homogène. On y sent poindre une grande mélancolie et en même temps quelque chose de très enveloppant, presque thérapeutique. Peux-tu nous en expliquer un peu la genèse ?

Tout d’abord merci pour ce retour très positif qui valide en partie mon travail sur ce projet ! J’ai composé cet album en pleine convalescence suite à un accident qui a bouleversé ma vie, je me suis ainsi immergé dans mes émotions du moment, mélancoliques bien sûr, mais aussi pleines d’espoir, et peut-être aussi empreintes d’une certaine forme de tendresse. J’ai composé cet album sur une période d’environ un mois, les instants éphémères gravés par chaque morceau s’enchaînant jour après jour dans une certaine continuité.

- Dans la chronique de l’album j’évoquais une esthétique qui me rappelait l’âge d’or de la science-fiction. Est-ce que tu es d’accord avec cette interprétation ?

C’est drôle parce que je ne suis pas plus féru de science-fiction que ça, je suis un rêveur plutôt terre à terre, mais justement la musique me permet de m’échapper du prosaïsme et du matérialisme ambiant, j’y vois un certain parallèle avec l’univers de la science-fiction effectivement, d’où ton ressenti peut-être. Après je travaille quasi exclusivement avec des synthés qu’ils soient matériels ou virtuels, ce qui donne peut-être un cachet un peu old school à l’album...


Ta musique est très chargée émotionnellement. D’où vient cette intensité que tu mets dans ta musique ?

C’est une vaste question... je crois que je cherche, au delà de la seule musicalité, une certaine forme de résonance émotionnelle. Chaque note appelle la suivante par le dessin d’une émotion, puis par la mise en valeur de cette émotion, les morceaux m’embarquent sans que je sache trop où ils me mènent, guidé par la résonance émotionnelle ressentie au moment de leur création. Et plus cette résonance est forte, plus je prends mon pied en créant ! (rires) Cette façon de faire me fait littéralement voyager ! Alors si le plaisir que j’ai pris à composer est finalement transmis aux auditeurs, c’est que le procédé a globalement fonctionné...

- Cet album est très dense : on est sur plus d’une heure de musique répartie en douze morceaux . C’est assez rare dans le genre dans lequel tu officies. Peux-tu nous expliquer ce parti pris ?

J’ai voulu rendre compte de ce voyage intérieur dans son intégralité, sans le trier ou le sélectionner, même si j’ai retiré trois morceaux plus rythmiques à cet album dans un soucis de cohérence, et pour ne pas brusquer et faire redescendre de cette balade essentiellement très aérienne. Et puis j’aime l’idée des longs albums qui vous emmènent et vous immergent, qui montent et qui descendent au travers de différents paysages sonores, puis se terminent comme on se réveille d’une rêverie à moitié consciente... et le morceau final, fruit d’une collaboration avec mon ami Ocoeur, grâce à son apport, vient particulièrement bien clôturer ce voyage à mes yeux.

- Qu’est-ce qui t’a orienté vers le label Kalamine Records pour la publication de cet album ?

Kalamine Records est le premier label qui m’a accueilli et encouragé, Franck est un passionné, un amoureux de musique, et une très belle personne, qui donne beaucoup de son temps pour aider les musiciens qu’il publie. Après mon album précédent paru sur le label londonien Insight Music, je voulais publier celui-là avec Kalamine Records.

- Pour finir, peux-tu nous dire quels sont tes projets pour l’avenir ?

Ça peut paraître paradoxal mais je cherche toujours mon son, mon set-up, mon organisation, d’un point de vue très matériel, donc cette année sera une nouvelle année d’investigations, de recherches, d’échecs et de trouvailles je l’espère. Par ailleurs, j’ai un live de style ambient downtempo que j’ai déjà joué par deux fois, et que j’aimerais rejouer au gré des opportunités qui se présenteront. Et pour finir, j’aimerais travailler sur un prochain album, mêlant rythmiques et ambient, avec peut-être plus d’amplitude dans le rendu, mais tout reste à faire encore !

- Merci pour ton temps.

Un grand merci à Indie Rock Mag pour la couverture de l’album, les très bons retours, et pour cette interview très sympa.

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