La torche du top albums s’est définitivement rallumée avec cette sélection du mois de mars, qui nous permet de refaire notre retard tout en donnant un coup de projecteur à une demi-douzaine de sorties pas encore mises en avant dans les pages d’IRM jusqu’ici - seul l’album de Beans, en effet, avait fait l’objet d’une chronique dans nos colonnes antérieurement à ce bilan.





1. Beans - ZWAARD

Rabbit : Comme avec les précédents albums solo de Beans, en particulier ceux sortis sur l’excellent label clermontois Hello.L.A. ces dernières années, ZWAARD ne manquera pas de diviser les amateurs de hip-hop même le plus jusqu’auboutiste et radical, probablement plus encore tant les productions de Vladislav Delay, dans la continuité de ses derniers opus à la fois maximalistes, véloces et régressifs en tant que Ripatti (Speed Demon par exemple), déploient pour les courants de conscience en flux tendu du rappeur américain des écrins post-techno épileptiques jusqu’au mal de tête, un peu comme du Thavius Beck sous... speed. On adore ou on déteste, pour moi c’est clairement l’adoration qui l’emporte.

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Elnorton : Sans être le plus fervent amateur de hip-hop de la rédaction, je suis souvent agréablement surpris par des disques audacieux lorgnant le plus souvent vers des influences 90s, sans pour autant y revenir régulièrement par la suite. Je ne suis pas certain de réécouter ce ZWAARD mais l’écoute a été plaisante, dans un registre au tempo soutenu qui n’a que rarement mes faveurs bien que j’apprécie l’univers d’un Thavius Beck dont la filiation est effectivement manifeste. De quoi décrasser les tympans sans les exploser.

Ben : À l’unisson de mes compères Rabbit et Elnorton, je suis clairement séduit par la radicalité de l’album. La prépondérance des tempos rapides associée au minimalisme des instrus apporte un courant d’air bien frais et bienvenu dans le paysage musical actuel. Alors évidemment, on n’est pas ici dans l’écoute confort : l’album secoue parfois, déroute souvent, mais ne cherche jamais la facilité et propose toujours quelque chose d’inattendu. Rien que pour ça, je ne peux que chaudement le recommander.

leoluce : Complètement abstrait, hyper sec voir carrément à l’os, ZWAARD et ses quatorze déclinaisons provoquent un chouette sac de nœuds dans la boite crânienne. Les beats sont véloces, toujours inattendus (on retrouve ici ou là la balle de ping pong d’Antipop Consortium), les claviers ne valent pas mieux et peinent à tenir droit, les voix pitchées foutent le bordel, on n’y comprend pas grand chose et c’est bien ce qui en fait quelque chose de grand. Merci Beans.



2. Prefuse 73 - New Strategies for Modern Crime Vol​.​1

Elnorton : J’ouvre le bal et, contrairement à mes camarades, je suis totalement passé à côté de ce disque. Fan de One Word Extinguisher devant l’éternel, je ne m’attendais pas à retrouver les mêmes digressions aux confins d’une IDM glitch et de l’electronica, l’univers de Scott Herren ayant considérablement évolué depuis deux décennies. J’avais d’ailleurs adoré le (déjà) plus expérimental The Failing Institute of Drums & Other Percussion en 2021. Mais cette fois, la magie n’opère pas - pas avec moi, en tout cas - et si je dois avouer que les compositions sont impeccablement troussées, je m’y ennuie profondément. Rendez-moi des rythmiques, et je serai probablement de retour parmi les amateurs de l’univers de Prefuse 73. En attendant, n’étant probablement pas le cœur de cible de ce disque, je passe mon tour.

Le Crapaud : C’est clair, la musique de Guillermo Scott Herren a totalement basculé dans le jazz le plus organique. En effet, depuis le fameux The Failing Institute of Drums & Other Percussion en 2021, qui reste à mon avis un sommet du producteur où l’on pouvait encore se raccrocher à la rythmique (la batterie était d’ailleurs l’instrument phare du projet) , ici, la production s’occupe plus volontiers d’inventer une atmosphère. Très cinématographique, en écho aux films noirs, à l’espionnage, aux thrillers, comme l’indique son titre et comme l’évoquent certains morceaux (Forever Chase (Scene One), Clean Up Scene Apprentice, Wrong Suspect), l’album plonge l’auditeur dans une BO d’un film imaginaire qu’on arrive pourtant très bien à se représenter. On pense à Bullitt et Lalo Schifrin bien plus qu’à une boite où un DJ serait là pour nous faire danser...

Rabbit : Qui eu cru qu’un fan comme moi des toutes premières heures du projet, et même de l’inaugural Vocal Studies + Uprock Narratives davantage encore que du cultissime One Word Extinguisher, fan pas toujours comblé depuis qui aurait volontiers échangé toute la suite de la disco d’Herren en tant que Prefuse 73 pour n’importe laquelle des merveilles de ses side projects méconnus Savath & Savalas ou Risil, finirait par faire de deux de ses sorties (presque) successives ses albums de l’année ? Et pourtant, après The Failing Institute of Drums & Other Percussion en 2021, c’est d’ores et déjà bien parti pour être le cas de ce New Strategies for Modern Crime Vol​.​1, dont même le titre transpire effectivement la library music, cette tradition très 70s de morceaux composés pour être utilisés après coup dans des bandes originales de cinéma ou de télévision. Comme l’a dit Le Crapaud, ça n’est plus dans la virtuosité rythmique que réside ici le génie du New-Yorkais, mais dans sa luxuriance faussement easy listening et cinématographique en diable embrassant dans un même mouvement jazz baroque aux influences ethniques, electronica downtempo et tension insidieuse d’un groove de soundtrack 70s évoquant effectivement sur un morceau tel que She Needs No Introduction Lalo Schifrin ou le proto-abstract de Quincy Jones. Fabuleux !

Ben : Voilà un album ô combien tortueux. Kaléidoscopique, New Strategies for Modern Crime Vol​.​1 orchestre le télescopage tous azimuts de tout ce que la musique peut compter de genres (avec une prédilection pour le jazz, le funk, le hip-hop et les bandes originales de films). Je reprends à mon compte les références cinématographiques de mes camarades, mais ne peux m’empêcher de rester quelque peu circonspect lorsqu’un saxo cheesy percute un arpège expérimental. Mais une fois de plus, prime à l’audace : la recherche de sonorités transgressives implique quelques sorties de route. L’ambiance générale reste extrêmement prenante et l’exploration complète de cette galette annonce de nombreuses heures d’écoute.



3. The Messthetics & James Brandon Lewis - The Messthetics & James Brandon Lewis

Le Crapaud : On avait laissé les Messthetics en 2019, avec leur noise rock instrumental et furibard. Le trio fièrement mené par la section rythmique de Fugazi (Brendan Canty à la batterie et Joe Lally à la basse) et serti d’un guitariste virtuose (Anthony Pirog) qui les amenait déjà ailleurs que dans un répertoire bêtement binaire, déplace franchement sa ligne du côté du jazz avec le saxophoniste James Brandon Lewis (encore un virtuose !) et étant diffusé par le prestigieux label Impulse !. Le crossover est un peu déroutant à la première approche, mais très rapidement, avec ses chorus chantés à l’unisson par la guitare et le sax, ses soli débordants dans tous les sens, son exubérance, sa joie de jouer, tout l’album glisse comme un bonbon et une fois fini on en redemande. A rapprocher du dernier The Bad Plus, dans la formation, dans le style, et dans la réussite.

Rabbit : Découvert sur scène pour ma part peu après la sortie de l’excellent Anthropocosmic Nest en question, le trio semblait parti, au regard de ses concerts, pour privilégier la dimension post-rock et noise rock au jazz cher à son guitariste Anthony Pirog... et pourtant, soudain accoquinés avec le très inspiré saxophoniste James Brandon Lewis, les Messthetics font volte-face et nous gratifient d’un album certes tendu mais plutôt feutré dans ses sonorités, laissant de l’espace à la freeture du saxo et ménageant néanmoins quelques beaux crescendos électriques comme celui presque punk d’Emergence, celui du final Fourth Wall ou en clôture de la superbe ballade Boatly. Un disque d’une belle maturité dans le genre (jusque sur un morceau aussi méditatif qu’Aesthenia), qui effectivement évoque davantage ici The Bad Plus que Tortoise mais garde une petite porte ouverte sur le genre de métissages que laissait entrevoir le premier opus.

leoluce : Délaissant quelque peu les crocs pour une approche plus larvée, les Messthetics s’acoquinent à James Brandon Lewis et filent une langueur pas du tout monotone. Leur musique a toujours les nerfs mais arrondit ses angles et si elle désarçonne de prime abord, elle se révèle in fine très attirante. Un chouette album.



4. Drache - En attendant la fin du développement

Rabbit : J’avais bien accroché en 2020 au premier EP du rappeur manceau affilié au label Mauvais Sang, pour son minimaliste dystopique et son regard socio-politique imagé, mais j’avoue avoir eu plus de mal ici, malgré de très belles choses (des synthés de Phnom Penh defends-toi aux atmosphères de Kivu et de l’instru Accalmie en passant par les incursions saxophoniques bien senties du très réussi Bullet point), probablement d’une part pour ces excès d’emphase rythmique ou vocale ici et là (Aider, Corto, Biopoetic) et parce que l’engagement du MC, n’avançant plus masqué, donne souvent l’impression d’en faire trop, d’enfoncer des portes ouvertes voire de flirter avec la supériorité morale (Brutalité, Un monde de camps), un arrière-goût qui associé au manque de concision du disque finit chez moi par l’emporter.

Le Crapaud : Pour ma part, c’est un cran au-dessus du premier EP que je situerais cet album, presque parfait de bout en bout, sans faute de goût, sans faiblesse. Un bloc solide de hip-hop quadrillé, où tous tes espoirs de bonne conscience sont fusillés, intégralement mis en pièces par la langue forte et précise du MC manceau. Les beats qui mêlent sonorités organiques (batteries, guitares, sax) et ambiances synthétiques apportent une dimension presque "live" à ces morceaux-grenades. Bazooka parfois. Mais le MC-producteur sait, avec équilibre, laisser le temps d’une respiration, une bouffée d’air avant de suffoquer : avec des interludes à l’ironie glaçante, des intros où la tension monte en douceur. Les textes semblent encore mieux ciselés que sur l’EP. A la fois plus francs et plus poétiques, faisant jaillir le fond dans une forme implacable, ils traduisent Bourdieu et Foucault dans la langue de Kool Shen... Plus qu’une morale, j’y vois une analyse lucide, qui met le doigt là où ça fait mal et nous laisse forcément un goût amer : nous qui écoutons cet album savons bien que nous sommes des privilégiés. Drache nous tend un miroir où les filtres fonctionnent à l’inverse de ceux d’Instagram : avec lui, c’est notre laideur qui s’y reflète, la petitesse de notre existence, l’écart infini qui nous éloigne de la beauté et l’effort qu’il faudra encore fournir pour le diminuer. Du rap de pleine conscience.



5. Waxahatchee - Tigers Blood

Elnorton : Est-ce que Tigers Blood est un album indispensable ? Assurément, non. Est-ce que c’est le meilleur de Waxahatchee ? Je n’en sais rien, et les mauvaises langues diraient qu’elle produit toujours le même disque et ils n’auraient pas tout à fait tort. Et pourtant, la country-folk de Katie Crutchfield parvient toujours à susciter un intérêt qui, contrairement au très acceptable Bright Future d’Adrianne Lenker, n’est pas feint. C’est poli, dans tous les sens du terme, mais pas aseptisé pour autant. Alors pourquoi ? Le mystère réside probablement dans le charme et l’efficacité de la voix de l’Américaine qui oscille, maîtrise à merveille les temps forts et faibles, et se positionne comme l’élément central d’un disque que l’on pourra aussi bien apprécier au casque et au calme que passer à l’apéro avec des amateurs de musique mainstream. Un grand écart pas si commun, et témoin du talent et de l’intérêt de la musique de Waxahatchee.

Rabbit : Voilà un disque que je n’aurais très probablement jamais écouté sans ce classement et auquel je ne reviendrai sans doute pas faute d’affinité aujourd’hui avec ce genre de country-pop au chant parfois trop en avant (j’avoue avoir eu du mal à ne pas zapper 365 par exemple, à faire passer Alanis Morissette pour une marmonneuse), mais dans l’ensemble l’écoute ne fut pas si désagréable, évoquant dans ses meilleurs moments (Evil Spawn, Right Back to It, Burns Out at Midnight, Lone Star Lake) les univers de Neko Case voire de Lucinda Williams (toutes proportions gardées évidemment).

Ben : À la réécoute de Tigers Blood, je me surprends moi-même à l’avoir placé si haut dans mon top du mois. Je serais même à m’associer aux réserves d’Elnorton et de Rabbit (bien vue la référence à Alanis Morissette). Car mainstream, cet album l’est assurément. Pour autant, l’ensemble diffuse un sentiment d’évidence et une élégance dans l’orchestration qui fait songer aux Jayhawks. Et d’indéniables qualités de songwriting (surtout lorsque Crutchfield y va à l’économie (Lone Star Lake, Evil Spawn, Crimes of the Heart). Surtout, Tigers Blood contient un joyau, le sublime Right Back to It, petite merveille country pop entêtante parfaitement équilibrée. Voilà longtemps qu’un morceau ne m’était resté autant en tête. Le genre de titre qui, à lui seul, mérite l’achat du CD.



6. Adrianne Lenker - Bright Future

Elnorton : Le grand drame de la carrière d’Adrianne Lenker en solo, c’est que l’on a forcément envie de comparer ses productions à celles de Big Thief, l’un des combos pop les plus passionnants de la dernière décennie. Néanmoins, ce Bright Future n’est pas dénué de qualités et le songwriting dépouillé de l’Américaine fait évidemment mouche. Le disque est donc tout à fait acceptable, mais la machine pourrait vraiment s’emballer davantage pour éviter de ronronner. La native d’Indianapolis en est tout à fait capable, ce qui est donc légèrement frustrant, mais nous la retrouverons avec un plaisir certain - et une attention décuplée, disons-le clairement - à l’occasion du prochain album de Big Thief.

Rabbit : Moins inconditionnel de Big Thief dont j’apprécie surtout les fulgurances mélodiques de quelques classiques instantanés sur des albums tout de même un peu inégaux, je serai étonnamment plus enthousiaste qu’Elnorton, ce Bright Future m’ayant plus ou moins inspiré les mêmes emballements et les mêmes réserves que d’habitude, à commencer, pour ces dernières, par un certain manque de ligne directrice qui voit l’Américaine passer de ballades country-folk (au bien joli songwriting la plupart du temps, cf. Sadness As a Gift, No Machine ou Already Lost) à des morceaux plus pop ou électriques et d’autres très doux et introspectifs au piano qui ont d’ailleurs ma préférence ici car ils tranchent avec l’univers généralement plus rêche ou quoi qu’il en soit plus dynamique du groupe. Je citerai ainsi l’introductif et presque ambient Real House avec ses récollections sensibles ou le plus chamber-pop Evol aux arrangements de violon affligés, le reste du disque, malgré une dernière ligne droite un peu pépère et la conclusion dream-pop pas folichonne de Ruined, s’avérant plutôt être une réussite qui aurait simplement gagné à faire preuve de davantage de cohérence.

Ben : Si je l’avais écouté plus tôt, Bright Future trusterait la première place de mon classement. Mélancolique, tout en économie de moyens, ce nouvel LP a la simplicité des classiques et tout pour faire fondre l’amateur de country (que je suis). Car passé le dispensable titre introductif, les joyaux de ce bouleversant album se trouvent à la pelle. Pas besoin de creuser. Free Treasure arracherait des larmes au plus endurci des insensibles et Candleflame, No Machine ou Cell Phone Says (mais on pourrait citer tous les titres !) émeuvent sans sombrer dans la sensiblerie. Sur le somptueux Sadness as a Gift, Adrianne Lenker montre qu’elle joue dans la cour de Gram Parsons et Emmylou Harris. Indispensable.



Notre EP du mois



1. Djane Ki - Turba & Turbo

Rabbit : Encore une très belle réussite pour l’Occitane Vanessa Jeantrelle qui continue de plier les codes de la techno dans son acceptation la plus large à sa patte organique et mélangeuse, ici notamment à coups de samples cinématographiques et de breaks à la tension feutrée sur Turbo, tandis que Mécanique des Fluides décolle pour le firmament sur un lit de synthés rétrofuturistes dont la mélancolie irradie de chaque motif arpégé.

Ben : Porté par un superbe artwork signé Boutovitch, cet EP de l’excellente Dj Ki est un flash technoïde propre à mettre en orbite sans délai l’auditeur ou l’auditrice en quête de voyage immobile. Assemblés avec le goût que l’on connaît à l’artiste, ces trois titres parfaitement complémentaires créent un univers psychédélique aux multiples surprises. Avec sa Mécanique des Fluides, Dj Ki donne même à attendre un incroyable trip final. Un peu comme s’aventurer dans la dernière demi-heure de "2001, l’odyssée de l’espace" aux commandes du chasseur spatial de Buck Rogers.


Les classements des rédacteurs pour Mars 2024


- Ben :

1. Waxahatchee - Tigers Blood
2. Farah Kaddour - Bada
3. Reyna Tropical - Malegria
4. Likvaka - Nostalgia
5. Conducive / Manuel Carbone - The Mosgrove Facility

- Elnorton :

1. Lunologist - Sleep Now Voyager
2. Four Tet - Three
3. Waxahatchee - Tigers Blood
4. The Dandy Warhols - Rockmaker
5. Chastity Belt - Live Laugh Love

- Le Crapaud :

1. Drache - En attendant la fin du développement
2. Adrianne Lenker - Bright Future
3. Prefuse 73 - New Strategies for Modern Crime Vol​.​1
4. The Messthetics & James Brandon Lewis - s/t
5. Sameer Ahmad - La vie est bien faite

- leoluce :

1. VR Sex - Hard Copy
2. USA Nails - Feeling Worse
3. Why Bother ? - Serenading Unwanted Ballads
4. Vulture, Hyenas And Coyotes - s/t
5. The Messthetics & James Brandon Lewis - s/t

- Rabbit :

1. Prefuse 73 - New Strategies for Modern Crime Vol​.​1
2. Beans - ZWAARD
3. Particules - Escape Path
4. Kingbastard - Come Again​.​.​.
5. Terminal 11 - Suffocating Repetition

- Riton :

1. Frail Body - Artificial Bouquet
2. Beans - ZWAARD
3. Prefuse 73 - New Strategies for Modern Crime Vol​.​1
4. Drache - En attendant la fin du développement
5. Arms & Sleepers - What Tomorrow Brings

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