Sortie le mardi 16 avril 2024

1. The Insulation
2. Copious
3. Caravan

C’est la grosse surprise de ce mois d’avril : le retour, presque 12 ans après leur dernier long-format Moms, du trio portlandien Menomena, symbole quelque part d’un dernier baroud d’honneur pour cet indie rock moribond qui depuis quelques années, à moins bien sûr d’aller fureter dans un underground toujours foisonnant, déroule de la manière la plus inoffensive qui soit entre ostensible nostalgie et emphase poseuse. Menomena, avec Mines en particulier, c’était au contraire un songwriting intense et volontiers écorché, une vibration luxuriante et fébrile derrière l’électricité débridée, un sens du contrepied baroque non dénué d’une dimension maniériste mais pas là pour en mettre plein la vue, la plus grande spontanéité surgissant justement d’une certaine forme de théâtralité, influence tellement mal intégrée par le plus gros de la scène britannique d’aujourd’hui... la grande question étant forcément, qu’allait-il rester de toutes ces qualités après autant d’années ?

Simple EP de trois titres, The Insulation ne suffit pas tout à fait à y répondre mais l’espoir est là, dès ce morceau-titre introductif, qu’ait survécu chez les Américains un certain degré d’urgence, d’autant plus avec le retour encore plus inattendu de Brent Knopf qui avait quitté le navire après Mines, accaparé notamment par son side project Ramona Falls. Groupe à plusieurs voix depuis le départ, on retrouve logiquement ici un membre différent au chant sur chaque morceau, du batteur Danny Seim sur ce premier titre dense et lyrique tout en intensité feutrée flirtant avec l’hymne rock sans jamais tomber dans le pompier pour autant grâce à de constantes circonvolutions instrumentales et mélodiques, à Brent Knopf donc sur un Caravan plus acoustique renouant discrètement avec les velléités soul et bluesy de Mines, en passant par le multi-instrumentiste Justin Harris sur Copious, petit classique instantané sur lequel on retrouve les cuivres et le downtempo mélangeur de Friend and Foe, mi pop de chambre mi cabaret rock, mais avec une sobriété bienvenue.

L’EP, en quelque sorte, résumerait-il leurs envies parfois contradictoires d’alors pour reprendre les choses, qui sait, là où Moms les avait laissées ? C’est ce tout qu’on leur souhaite, et à nous aussi pour enfin nous réconcilier avec un genre plus que jamais ringardisé par sa récupération mainstream et trendy dans les années 2020.



( RabbitInYourHeadlights )

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