Sortie le vendredi 2 août 2024
1. Rent’s Dew
2. Prove Me Wrong (feat. The Maya Experience)
3. Off Track Betting
4. No Loss (feat. Perry Porter)
5. Square Root of Two (feat. BlkSknn)
6. Lost My Bag
7. Limited Edition (feat. BlkSknn)
8. Doctor Evol (feat. Perry Porter)
9. Funhouse Mirror
10. Grimace (feat. Wishbaby)
Le rappeur de Seattle, qui poursuit son bonhomme de chemin dans l’underground depuis 10 petites années entre sorties solo sous le manteau, collabs avec l’ex Blue Sky Black Death, Televangel, et même un nouveau projet chez Alpha Pup en compagnie de Milo/R.A.P. Ferreira (le duo officie sous le blase G’s Us), n’a décidément pas la reconnaissance qu’il mérite. Après le chouette Reoccurring Characters sous la houlette du New-Yorkais Steel Tipped Dove dans un registre mi-jazzy mi psyché/80s minimal et cuivré, et le narcotique Opta Mystic autoproduit en tout début d’année avec force low-pass filter engourdi, on le retrouve en effet ce mois-ci avec un autre disque à mi-chemin du mini-album et de l’EP (ici on préfère voir le verre à moitié plein), entièrement mis en musique par le compère Wolftone déjà croisé sur plusieurs des sorties du MC depuis 2017.
Autant être clair d’emblée, Permafrost Discoveries n’est pas là pour caresser dans le sens du poil les adeptes du rap-jeu, même s’il sait leur lâcher un os ici ou là (comme avec la trap atypique, uptempo et colorée, de Limited Edition, ou le boom bap aux atmosphères insidieuses de Funhouse Mirror). Par ailleurs plutôt avare en beats si ce n’est de manière presque effacée (Off Track Betting, Doctor Evol) ou pour mieux s’éloigner des canons du hip-hop ricain (cf. Prove Me Wrong et son trip-hop à la Tricky magnifié par les refrains capiteux de The Maya Experience, ou les déstructurés et planants No Loss et Grimace), l’EP est un écrin pour le flow halluciné d’AJ Suede et son intensité feutrée, mais aussi un petit bijou pour ses seuls instrumentaux hypnotiques et intrigants comme on aime, à la croisée d’un plunderphonics bien rétro (Square Root of Two, Lost My Bag) et d’un sampling psyché presque ambient aux loops malmenées à coups d’effets drogués (Rent’s Dew).
Remarquable et trop court comme souvent (10 titres certes mais pour moins de 25 minutes), il faudrait pratiquement inventer une nouvelle catégorie pour ce genre de format bâtard qui domine le hip-hop indé depuis quelques années, aussi stimulant sur le plan de la liberté créative que frustrant pour l’auditeur habitué aux albums 90s de 55 minutes... à ne surtout pas ignorer pour autant faut-il le rappeler, au risque de louper quelques-unes des sorties les plus intéressantes de l’époque dont ce Permafrost Discoveries fait d’ores et déjà partie.