Sortie le vendredi 30 août 2024
1. part i - altar (feat. Ishq)
2. part ii - palace / illusion (feat. Vylana)
3. part iii - transcend / lament (feat. Vylana)
4. part iv - the veil (feat. 7RAYS & Ishq)
5. part v - evocation (feat. Ishq, Cherif Hashizume & 7RAYS)
6. part vi - solar goddess return (feat. Vylana, 7RAYS, Ishq & Cherif Hashizume)
7. part vii - dissolution
8. part viii - nothing is lost
Electronica aseptisée pour auditeurs de Radio Nova et autres Parisiens branchouillards habitués de l’Élysée Montmartre ou du Trianon... décidément Jon Hopkins est tombé bien bas. On l’a pourtant aimé le bonhomme, du temps d’Insides surtout et de son équilibrisme texturé entre introspection classical ambient et élans de lyrisme contrastés... 15 ans déjà. Puis rétrospectivement pour le downtempo éthéré d’Opalescent sorti 8 ans plus tôt dans l’indifférence générale, un album tout sauf novateur mais à la modestie rafraîchissante... et enfin aux manettes des productions enluminées de Diamond Mine, album de la reconnaissance tardive pour l’excellent King Creosote dont ce succès doit beaucoup à l’Anglais. Malheureusement, l’état de grâce n’aura pas duré bien longtemps, en témoignait déjà en 2013 le très inégal et souvent poussif Immunity encensé par une critique pop/rock déjà aux fraises en termes de musique électronique.
Évidemment, au premier coup d’oreille distrait, c’est loin d’être atroce : le Britannique est un maître de la production, et c’est d’ailleurs cet aspect de son talent qui lui permet encore de faire illusion aussi bien auprès des amateurs d’électro grand public que de musiciens IDM ou ambient beaucoup plus exigeants mais appréciatifs de son travail sur le son. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, cette dimension prend tellement le dessus chez lui sur l’atmosphère, l’inspiration ou tout simplement le minimum syndical d’étincelle de vie que l’on se retrouve avec de jolies coquilles vides tout juste bonnes à satisfaire un temps les envies d’hédonisme en salon des dilettantes en la matière. Singularity, qui semble avoir vieilli d’un bon quart de siècle en 6 ans comme tous les albums chiadés mais morts à l’intérieur, en incarnait la facette la plus stellaire et technoïde, avec RITUAL on est dans la pseudo spiritualité qui met 6 titres sur 8 à faire culminer son ersatz new age de crescendo kosmische mollasson aux choeurs béats, dont la redescente sera malheureusement presque aussi insipide et bateau en dépit du piano impressionniste à la Nils Frahm (tiens, un autre musicien aux incursions électroniques désespérément mornes) de son final nothing is lost, unique percée de chaleur humaine d’un ensemble qui en manque cruellement.
Et si l’immense succès de Jon Hopkins, pour partie responsable de l’hégémonie de ces canons esthétiques lisses et désincarnés dans les musiques électroniques d’aujourd’hui à l’instar des derniers longs formats polissés d’Aphex Twin (Syro) ou Boards of Canada (Tomorrow’s Harvest), était pour quelque chose dans ce désintérêt du public "indie" pour l’IDM organique, aventureuse et riche en aspérités que l’on déplorait dans ces pages il y a encore quelques jours, et par extension dans le fait - pour rester dans une certaine qualité et toute question de réputation mise à part - qu’un curieux de musiques actuelles écoutera et appréciera plus volontiers aujourd’hui les très easy listening et gentillets Tycho et Floating Points que les Autechre modernes Kingbastard ou Terminal 11, ou encore une sortie de Ghostly International plutôt que des passionnants labels Hymen Records ou Schematic ? La question reste posée.