Sortie le vendredi 13 septembre 2024

1. Psycholab
2. Return To Sanity
3. This Is Your Captain
4. All My Life (I Love You)
5. Edgar’s Bathtub
6. Elysium, Soon
7. Revenants
8. Crownee Says
9. Condor

Avec toutes les choses bien barrées que l’on s’enfile dans les écoutilles par ici, il faut avouer que ça fait parfois du bien de revenir aux fondamentaux pour se décrasser les tympans... et avec pas loin d’une livraison annuelle depuis leurs débuts il y a 35 ans et une constance dans la qualité qui n’a d’égale que leur capacité à revisiter le passé sans jamais se vautrer dans la nostalgie, les Norvégiens de Motorpsycho sont souvent un choix évident en la matière, même quand le rock aux riffs heavy perd du terrain chez eux sur la pop 60s/70s comme c’était le cas l’an dernier avec le chouette Yay ! et à nouveau - bien que différemment - sur une partie de ce nouvel opus, toujours catchy mais avec un retour en force de l’électricité.

Au "ouais" du précédent opus aurait dû répondre un "nay" qui s’est au lieu de ça transformé en "neigh", soit le verbe "hennir" auquel fait référence le bouquin consulté par l’étrange personnage de la pochette ("Horse Talk for the Modern Man"). On reconnaît bien là l’humour décalé du groupe de Bent Sæther et Hans Magnus Ryan – épaulés à la batterie sur une paire de titres par Tomas Järmyr en guise de chant du cygne de ses 6 années de collaboration - qui tirait rappelons-le son nom d’une série B de Russ Meyer, le roi de la sexploitation : de quoi en faire les trublions du très sérieux label jazz scandinave Rune Grammofon auquel ils furent longtemps affiliés.

Pour autant, pas de boucherie chevaline au programme puisque si le le fuzz et les riffs saturés repointent le bout de leur nez, du délicieusement psyché This Is Your Captain à l’épique Elysium, Soon en passant par l’americana luxuriante et cuivrée de Crownee Says ou la reprise d’All My Life (I Love You), chanson solo datée de 1972 du batteur de Jefferson Airplane (et guitariste de Moby Grape) Skip Spence, le spleen gueule de bois prend le relai des mélodies ensoleillées de l’opus précédent avec la même douceur. Avec ses cloches du destin, Return To Sanity sonne ainsi comme une élégie de western 70s, tandis que Revenants mâtine discrètement d’électronique une folk de singer/songwriter baroque et tragique d’inspiration très britannique.

Quant à l’instrumental Condor, final syncopé aux poignantes orchestrations de violon assurées par Bent Sæther lui-même, il constitue peut-être le sommet de ce disque un peu fourre-tout et indubitablement mineur d’un groupe qui nous procure pourtant toujours le même plaisir, certes plus ou moins durable en fonction des albums mais sans jamais perdre de sa fraîcheur.



( RabbitInYourHeadlights )

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