Sortie le vendredi 4 juillet 2025

1. Mechita
2. La Debacle
3. Subiduki
4. Metalera
5. Sin Nafta
6. Perdida
7. Joven Promesa
8. Deseo Deseo
9. Deja de Llorar
10. Sin Bombacha
11. Exorcizada

Sorti une fois de plus de manière assez confidentielle - en plein milieu de l’été, ça n’aide pas - en dépit du bouche-à-oreille généré par leurs prestations scéniques ces dernières années, le successeur de Rompe Paga, toujours défendu par l’écurie suisse Les Disques Bongo Joe, ne fait guère parler sous nos horizons, et force est d’avouer que même nous autres, organisateurs via feu Sulfure des deux premiers concerts européens de la vocaliste Josefina Barreix et de sa bande en 2019 et 2022 respectivement, n’avons posé l’oreille qu’avec plus d’un mois et demi de retard sur ce pourtant remarquable La Debacle de las Divas.

Sorte de constat d’échec d’un élan féministe qui n’aurait pas foncièrement changé la donne et satire avouée de la mainmise du capitalisme sur la jeunesse, ce second long format des furies argentines (sans oublier le quart colombien du bassiste Carlos Quebrada aka Genosidra) pourrait passer pour un album de la maturité, mettant la pédale douce sur les saillies punk échevelées au profit de morceaux plus longs et désabusés. En ce qui nous concerne, on parlera plutôt d’album gueule-de-bois, la maturité musicale étant bien là depuis les EPs des débuts, notamment dans cette capacité à insuffler des atmosphères tourmentées même à leurs titres les plus expéditifs et bien sûr pour les motifs et arrangements de violoncelle de Violeta Garcia, désormais relativement discrets, qui auréolaient d’emblée le projet d’une singularité toute particulière dans son cadre noise-rock déglingué.

Sur ce nouvel opus, l’énergie brute n’a pas pour autant disparu, quelques hymnes ont même survécu à la mue de la formation, du pop-punk de La Debacle et Sin Bombacha à la noise régressive de Subiduki ou Perdida en passant par le riot grrrl très Coathangers première période de Joven Promesa. Mais la fièvre du groupe se met également au service de morceaux riches en faux-plats insidieux à la Sonic Youth (Mechita), en montagnes russes presque sludge (Deseo Deseo) ou dont la frustration retenue n’explose qu’au terme d’un crescendo savamment dosé (le bien-nommé Metalera avec ses riffs metal-indus balancés en gerbes sursaturées), s’effaçant même ici au profit d’un mal-être élégiaque et dissonant (le mélancolique et finement arrangé Sin Nafta) ou là d’un rock expérimental aux déstructurations volontiers déliquescentes (Exorcizada).

Après les velléités étrangement pop voire électroniques de Rompe Paga ou de la récente échappée solo de la batteuse Carola Zelaschi aka Carolo (cf. ce très bel EP d’expérimentations incantatoires et technoïdes), un nouveau changement de braquet pour l’un de nos combos hispanophones préférés, dont les backgrounds divers et variés mais toujours exigeants de ses membres rendent la trajectoire des plus passionnantes.



( RabbitInYourHeadlights )

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