Sortie le vendredi 26 septembre 2025
1. Spirits Dancing Along the Path, Along the Plateau on which the Raindrops Fall
2. Rain is Beating on the River Mouth, Sounding Like a Metal Drum
3. The Hawk Which Takes Flight Through Clouds
4. The Licking Flame Reaching the Moving Clouds
5. Dancing, Circling, in the Airy Sky, the Ringing Bells
6. The Bright Plateau, the Shining Moon
7. The Song of the Bird of the Dawn
8. Braided Like the Lightning
Pour celles et ceux qui, comme votre serviteur, sont terrifiés à l’idée de monter dans un avion, il y a Tuluum Shimmering. D’une part parce que la musique du combo grand breton est le véhicule idéal pour l’élévation spirituelle et d’autre part car leur dernier album en date est le moyen le plus sûr de contempler les paysages majestueux du continent américain tout en restant assis dans son canapé.
Commençons par une précision importante. Leaping Past the Moon, c’est environ quatre heures de musique. Rien que ça. C’est aussi la trente-huitième livraison de Tuluum Shimmering, entité sur laquelle les informations n’abondent pas. Fort heureusement, et selon la formule consacrée, sa musique parle d’elle-même. Méditative, transcendantale, psychédélique : aucun de ces adjectifs, au diapason d’un artwork furieusement seventies, n’est ici galvaudé. Plonger au cœur des huit morceaux de Leaping Past the Moon, c’est entrer par la porte d’une maison communautaire de San Francisco pour en ressortir dix mille ans plus tôt au sommet des montagnes de la Mesa Verde. Ou des pyramides du Machu Picchu.
Chaque composition, ici, a davantage valeur d’expérience mystique que de morceau à proprement parler. On ne trouvera donc nulle trace de couplet ou de refrain. L’inaugural Spirits Dancing Along the Path, Along the Plateau on which the Raindrops Fall donne d’ailleurs le ton avec sa rythmique lancinante, ses percussions hypnotiques et ses cuivres lointains. Trente sept minutes de voyage astral guidé par l’essence d’esprits primordiaux. Sur The Song of the Bird of the Dawn, c’est à un duo de guitares chamaniques que l’auditeur s’abandonne, bercé par les notes graves et les harmoniques célestes tirées de leur douze cordes, tandis que l’électricité s’invite sur Dancing, Circling, in the Airy Sky, the Ringing Bells. Présents sur plusieurs morceaux (le dernier cité, donc, mais aussi Rain is Beating on the River Mouth, Sounding Like a Metal Drum ou The Licking Flame Reaching the Moving Clouds), des voix incantatoires psalmodient des chants habités, tirant encore davantage les morceaux vers le domaine du sacré. On pense parfois à l’Incredible String Band (en nettement plus expérimental) ou à Holy Magick de The Graham Bond Organization (en beaucoup plus dépouillé).
Imprégné de mysticisme, empreint de spiritualité, Leaping Past the Moon fait la part belle aux instruments acoustiques. Flûtes, percussions, guitares sèches et autres violons se mêlent dans une transe mouvante où séquences répétitives et improvisations virtuoses coexistent dans la plus parfaite harmonie. Pour faire vivre ce mastodonte de plus de deux-cent quarante minutes, Tuluum Shimmering varie les ambiances avec talent. Ainsi, Braided Like the Lightning s’ouvre sur un raga indien avant d’incorporer des percussions évoquant les musiques d’Afrique de l’Ouest puis de bifurquer vers la musique orchestrale pour s’achever dans un final folk enluminé d’harmonies vocales. A l’heure où l’empreinte carbone de chacun est scrutée avec la plus grande attention, Leaping Past the Moon reste le moyen le plus sûr et le plus écologique pour voyager à peu de frais.
Rares seront celles et ceux qui écouteront l’album d’une traite - et sans doute n’est-ce pas là l’objectif du groupe. Mieux vaut accueillir Leaping Past the Moon comme un cadeau offert par Tuluum Shimmering, un cadeau immense, débordant de générosité. Les bonnes ondes dont 2025 avait besoin.