Sortie le lundi 25 août 2008
1. Like Drawing Blood
2. The Only Way
3. Hearts a Mess
4. Coming Back
5. Thanks for Your Time
6. Learnalilgivinanlovin
7. Puzzle with a Piece Missing
8. A Distinctive Sound
9. Seven Hours with a Backseat Driver
10. Night Drive
11. Worn out Blues
Il nous aura tout de même fallu deux ans pour découvrir ce deuxième album de l’australien Wally De Backer aka Gotye, musicien et producteur australien né en Belgique, aussi à l’aise dans le maniement du sample que Beck à l’époque d’ Odelay.
Tout aussi inventif et équilibriste, Like Drawing Blood, enregistré par le jeune homme tout seul dans sa chambre, est toutefois bien moins décalé et désinvolte car l’ambition de Gotye est tout autre : caresser l’auditeur dans le sens du groove, pour mieux le cueillir au détour d’une mélopée capiteuse aux montées de lyrisme crève-coeur (cf. l’ambiance aquatique du superbe Hearts A Mess avec ses percus indianisantes et ses cascades de cordes surannées à coller le frisson).
On pense à Björk période Post et Homogenic, pour cette capacité à transformer les machines en instruments organiques et jusque dans certaines intonations vocales, mais surtout (dans l’esprit) au suisse Fauve pour cette faculté d’entremêler avec la plus grande élégance harmonique influences rétro et modernité électro, qu’il s’agisse d’un hymne dance-funk à la Midnite Vultures transcendé par des envolées de cuivres anachroniques (The Only Way), d’un mambo mélancolique et angoissé aux arrangements subtilement luxuriants (Coming Back) ou d’une mélodie jazzy jouée au mélodica et syncopée par une rythmique dub hypnotique (Seven Hours With A Backseat Driver), tandis que le captivant A Distinctive Sound, longue échappée abstract aux doux effluves psyché-pop et jazz lounge, convoque aussi bien la virtuosité des mixtapes de DJ Shadow et Cut Chemist que l’onirisme jouissif et un peu hanté de Mark Oliver Everett en tenue de camouflage de MC Honky.
On croisera également sur cet album d’une richesse assez extraordinaire un petit chef-d’oeuvre de disco-pop mélancolique proche de l’esprit d’un Phoenix (Thanks For Your Time et son break téléphonique délirant), un tube néo-funk à faire passer l’excellent Jamie Lidell pour le dernier des branquignols (Learnalilgivinanlovin), une pop song 80’s façon world music synthétique à la Peter Gabriel (Night Drive) mais telle que l’aurait remixée Massive Attack à l’époque de Blue Lines, et puis des effets sonores cartoonesques, des samples de voix publicitaires, des claviers ambient éthérés... soit tout un tas d’éléments en apparence tout à fait disparates mais dont l’assemblage par le magicien Gotye devient le temps d’un claquement de doigts une féérie de tous les instants, dont on aura bien du mal à décrocher ces prochains mois.
Et c’est donc là qu’on vous révèle la meilleure nouvelle de cet article : son premier opus Boardface paru en 2003, concentré d’atmosphères trip-hop cinématiques et enivrantes capables de faire le grand écart entre Miles Davis, Depeche Mode et Henry Mancini, et qui voient le chant de Gotye s’effacer le plus souvent devant les superbes voix de Michaela Alexander ou surtout Christine Auriant, est au moins aussi beau que celui-ci.
(à noter qu’un album de remixes par 14 artistes du cru était sorti en 2007 en Australie, où Gotye connaît un joli succès depuis la sortie de Like Drawing Blood ainsi que par le biais du sympathique trio pop-rock The Basics dont il assure la batterie et le chant)