Sortie le lundi 30 août 2010

1. Life Through The Eyes Of The Watch
2. Polyethylene Tree Voir la vidéo 2muchachos - Polyethylene Tree
3. Adelaida
4. Northern Sea Ghosts
5. Symerki
6. Vremja Tepla
7. Aqualung Has Broken
8. Dreaming Girl
9. Raindear ?
10. Free Floating

Si les deux instrumentistes et producteurs russes qui se cachent derrière cet improbable pseudonyme revendiquent l’influence esthétique d’un certain Kid A sur les nappes instrumentales en apparence froides et abstraites mais en réalité formidablement évocatrices et pleines d’humanité de ce premier opus, c’est plutôt du côté des grands espaces fouettés par le vent des premiers albums de múm aux émotions prises dans la glace (la voix de leur troisième moitié féminine aidant sur Northern Sea Ghosts notamment) ou des tourbillons intangibles du Seefeel des débuts (cf. Dreaming Girl) que l’on cherchera une ascendance à ce Formanta, dont la pochette imite étrangement par ses textures organiques et son spleen graphique celle de Summer Make Good, chef-d’œuvre injustement mésestimé des islandais précédemment cités.

Certes, c’est bien à un diptyque d’inédits signés Radiohead que pourrait faire référence Polyethylene Tree si ce n’était ce "h" manquant, et on pensera pourquoi pas à d’autres faces-B de la période OK Computer telles que Melatonin ou Meeting In The Aisle à l’écoute de ces claviers rétro-futuristes, en l’occurrence des synthétiseurs soviétiques datés des années 70 qui donnent son nom à l’album. Mais en phagocytant timidement les arythmies d’une IDM downtempo, les oscillations propres à l’électro aléatoire, l’hypnotisme d’un krautrock minimaliste, les guitares immatérielles d’un shoegaze en apesanteur (Vremja Tepla, dont les envolées oniriques semblent rêver d’un romantisme à la M83) ou simplement les sons de la nature environnante, la musique développée par Vladimir, Dmitry et Alexandra se positionne davantage dans la continuité des travaux d’ISAN, d’Ulrich Schnauss voire du premier album de Bronnt Industries Kapital dans ses passages les plus cinématiques (Adelaida) ou hantés (Symerki).

Voyage à travers les saisons comme l’avance le trio sur Gogoyoko où l’album se donne à entendre dans son intégralité, ou confrontation des limbes de la solitude à l’aspiration à la compréhension et l’attention d’autrui, Formanta nous entraîne inéluctablement, au gré des fondus enchaînés de ses courants instrumentaux et des états d’âme de ses auteurs, du spleen le plus pénétrant (l’étourdissant Aqualung Has Broken) à l’espoir le plus désarmant (Raindear ?), en quête d’une vague d’apaisement sur laquelle l’album échouera à flotter pour finalement sombrer, au son du vent et de la marée.



( RabbitInYourHeadlights )

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