1. Qui Dorm, Només Somia
2. Behold A Marvel In The Darkness
3. The Merry Barracks Voir la vidéo Deerhoof - The Merry Barracks
4. No One Asked To Dance
5. Let’s Dance The Jet
6. Super Duper Rescue Heads ! Voir la vidéo Deerhoof - Super Duper Rescue Heads !
7. Must Fight Current
8. Secret Mobilization Voir la vidéo Deerhoof - Secret Mobilization
9. Hey I Can
10. C’Moon
11. I Did Crimes For You
12. Almost Everyone, Almost Always

Sortie le mardi 25 janvier 2011

Je ne sais pas pour vous, mais moi la première fois que j’ai vu la pochette du nouvel album de Deerhoof, j’étais, comment dire... enfin, surpris devant ce qui me paraissait être une telle faute de goût, comme si d’un seul coup à force de trop jouer avec le décalage de son univers le groupe finissait par sombrer sans s’en rendre compte dans le ridicule forcé. Cette anxiété a finalement fini par s’étendre à l’appréhension du contenu de l’album ; à quoi cela va-t-il ressembler ? ont-ils finalement fait un faux pas ? Une raison aussi absurde a réussi à me rendre un peu inquiet.

Ce que je dois avouer aussi, c’est qu’avant que l’album ne commence à leaker sur la toile, j’étais loin d’être très familier avec la discographie du groupe. Tout juste connaissais-je un peu Apple O’, The Runners Four et Friend Opportunity, dont je saluais la qualité et l’originalité mais sans jamais m’y être vraiment attaché. La sortie imminente d’un nouvel album a ranimé mon intérêt, et voilà que sans être fan de Deerhoof je commençais malgré tout à l’attendre avec impatience et à appréhender.

Or une fois le bouton play enclenché, il suffit de tendre un peu l’oreille pour que toutes les craintes s’envolent. Oh, bien sûr, elles ne vont pas juste s’évaporer comme ça en une seconde, non... elles vont s’accrocher un peu, essayer de résister à toutes les sonorités inattendues qui viennent vous titiller les tympans, pour mieux ensuite laisser place à la fascination. Car une fois de plus, Deerhoof réussit ce que tant de groupes n’arrivent parfois jamais à faire, à savoir se réinventer tout en conservant leur patte, ce style propre qui est le leur. Mais cette faculté à apporter de nouveaux éléments et un vent de fraîcheur à leur musique n’aura peut-être pas été aussi importante depuis au moins le fabuleux Milk Man en 2004...



Non, non, ce ne sont pas les bruitages de Windows Live Messenger que vous entendez dans l’intro de Qui Dorm, Només Somia, la chanson d’ouverture du disque qui voit d’ailleurs Satomi au top de son génie d’écriture enfantine, délicieusement burlesque et prenante, voire touchante. Oui, c’est une guitare mélancolique aux accents de ballade hispanique qui ponctue No One Asked To Dance. Oui, c’est un riff bluesy qui ouvre Secret Mobilization. Mais écoutez bien, au bout de quelques mesures, le riff se barre de travers et fait son petit bout de chemin tout seul. Alors survient la voix de Satomi ; "this is not based, this is not based on a true story". Spontané, simple. Quelques mots, et pourtant tout est là. C’est Deerhoof.

Une production entièrement gérée par le groupe lui-même encore une fois, se permettant toutes les folies créatives possibles, entre rythmes aux sonorités légèrement africaines ou tribales, et synthés cosmiques intemporels comme dans les premières notes du terrible single Super Duper Rescue Heads ! qui voit encore une fois se mélanger de manière géniale un songwriting simple avec des arrangements barrés, et ce sens recherché de la composition cher à Greg Saunier et John Dieterich (respectivement batteur et guitariste).

Il va sans dire qu’après une telle découverte j’ai pu me replonger sans concession dans leur discographie jusqu’à en devenir raide dingue, et à m’envoyer leurs albums à longueur de journée dont cette dernière merveille, tout en reconsidérant de manière différente mon approche de leur art, ce que tous les réfractaires à leur musique devraient essayer de faire au moins une fois dans un monde parfait.



Non, non, Deerhoof n’a pas fait de faux pas. Le groupe vient au contraire de nous gratifier d’une magnifique pirouette arrière, d’un salto renversant qui nous assène au passage un formidable coup de pied à l’estomac et nous fait recracher toutes les sucreries indie pop ingurgitées récemment, libérant ainsi de la place à l’intérieur pour la dégustation de cette pièce d’orfèvrerie. Et puis elle est très bien, cette pochette, en plus.

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