Sortie le mardi 14 février 2012
1. Animal Life
2. Breaking the Yearlings
3. Dread Sovereign
4. You as You Were
5. Insolence
6. Immaculate
7. Open Your Houses
8. Run the Banner Down
9. Pushing the River
10. Believing Makes It Easy
11. Star of the Age
Dans la série des "passe-après-en-moins-bien" qui fait rage parmi les sensations indé de ce début d’année, on avait déjà eu droit à "Cloud Nothings passe après Dinosaur Jr. et Weezer", "Sharon Van Etten passe après Cat Power et PJ" et "Memoryhouse passe après Heavenly et Slowdive", mais force est d’admettre qu’on ne s’attendait pas vraiment à "Shearwater passe après Springsteen, U2 et Arcade Fire" (!).
Après la sensibilité à fleur de peau de Winged Life, la beauté brute de Palo Santo, le lyrisme contrasté de Rook et la dimension épique du parfait The Golden Archipelago qui restera sans doute comme le sommet d’équilibre d’un groupe alliant dans ses meilleurs moments grandeur feutrée et flamboyance électrique, il faudra donc se contenter de la grandiloquence d’ Animal Joy, où à défaut de sortir les crocs comme on avait pu l’espérer à la découverte du premier extrait Breaking The Yearlings, Jonathan Meiburg et sa bande se contentent de rentrer le ventre et de bomber le torse en fixant d’un air pénétrant les tribunes de leur stade imaginaire.
Tentative désespérée de rallier les foules, excès de confiance ou évolution naturelle d’une formation qui s’était toujours appliquée jusqu’ici à flirter avec la démesure sans jamais basculer du côté pompier de son romantisme décomplexé, seul l’avenir le dira mais déjà l’influence de cet Animal Joy s’avère sournoise pour les fans de la première heure, amenés à reconsidérer à la lumière des envolées désespérément binaires du single Animal Life ou d’un You As You Were enflammé jusqu’à la nausée comme du mauvais Jónsi, mais également du "gros son" à l’ancienne du poussif Immaculate, ces signes avant-coureurs qu’ils avaient toujours pris soin d’occulter, ces Red Sea, Black Sea sur Palo Santo ou Century Eyes sur Rook annonciateurs des pires démonstrations d’emphase une fois les Texans délivrés de leurs névroses.
Demeurent néanmoins quelques réussites isolées, de l’atmosphérique et versatile Insolence à l’électrisant Pushing The River en passant par le délicat Run The Banner Down, mais pas suffisamment pour excuser la platitude bluesy de Dread Sovereign ou Open Your Houses et encore moins les dérives radiophioniques très 80s de Believing Makes It Easy ou Star Of The Age (confiance, facilité et reconnaissance, en deux titres tout est dévoilé) où la voix de Meiburg, fragile vecteur de grâce sur les précédents opus, apparaît à la défaveur du contexte comme la dégoulinade de trop, celle qui fait finalement déborder l’amphore.