Sortie le mardi 31 janvier 2012
1. Constant
2. Nearly There
3. Cold Days
4. Halfway to Six
5. Span
6. Wires on Carpet
7. Sixteen Shapes
Marcus Fischer, on le suit depuis son arrivée chez 12k en 2010 avec l’album Monocoastal, enregistré sur près de 20 ans le long de la côte pacifique par ce compositeur nomade fasciné par les sons trouvés et autres field recordings. Un album sur lequel on avait beaucoup misé en découvrant à la même époque les territoires polaires de son EP Arctic/Antarctic aux glitchs clairsemés sur fond de drones de guitares majestueux, mais qui finalement nous avait laissé un peu... froid. Malgré son indéniable poésie ambient et les contrastes comme toujours saisissants mis en avant par le master parfait du patron Taylor Deupree, il manquait quelque chose à ces errances contemplatives pour véritablement bouleverser l’auditeur et le sortir de sa torpeur.
Quelque chose que semble avoir trouvé Collected Dust, sorti ces jours-ci non plus chez 12k mais chez Tench, jeune sous-label de l’écurie Words On Music de Marc Ostermeier. Un album sur lequel plane toujours l’ombre de Taylor Deupree, auteur à l’automne 2011 avec le Porlandien du cotonneux In A Place Of Such Graceful Shapes et toujours au mastering ici pour un résultat aussi spatieux que subtilement spatialisant, mais également celle d’Ostermeier, dont on vantait encore il y a quelques mois les derniers albums en solo comme au sein de Should et qui a lui-même choisi les sept pièces ayant servi de base de travail à ce nouvel opus, parmi les nombreux enregistrement postés par Fischer entre 2009 et 2010 sur son blog Dust Breeding dans le cadre d’un journal multimédia tenu sur la durée d’une année.
Ce qui frappe d’emblée par rapport à l’album précédent, c’est la quasi disparition de ce background de percussions erratiques, crissements dissonants et autres bruits ambiants, qui n’emplit plus l’espace de son souffle saturé mais se fait discret et parcimonieux, laissant le silence peser sur les évocations glacées des nappes analogiques, des accords de guitares transis et des basses assourdies aux allures d’icebergs en mouvement, dont le minimalisme gracieusement réverbéré laisse transparaître une sensibilité nouvelle. De l’Amérique, nous sommes revenus en Antarctique mais pour mieux embrasser, cette fois, la bénédiction de ses étendues de solitude, cathédrales naturelles propices au plus pur des recueillements, avec pour seul accompagnement les crépitements gourds de la banquise.
A lire également, cette récente interview par Fluid Radio où le musicien nous parle notamment de l’influence de son parcours d’inkie kid DIY sur ses capacités d’improvisateur, de l’importance de la chance et de sa mémoire sensorielle des lieux géographiques dans son travail de composition, ainsi que de ses prochains projets incluant un nouvel album chez 12k et des collaborations avec Rafael Anton Irisarri aka The Sight Below et Simon Scott, ex Slowdive qui publiera par ailleurs très bientôt sur son label Kesh l’EP Two Rooms du duo Unrecognizable Now, formé par Fischer avec un certain Matt Jones.