Sortie le lundi 21 mai 2012

1. Mid Air
2. Half the World
3. Cars In The Garden
4. Newsroom
5. I Remember You
6. Buy A Motor Car
7. Wedding Party
8. Two Children
9. Summers On It’s Way
10. My True Country
11. A Movie Magazine
12. Tuesday
13. Fin de Siecle
14. After Dark

A ceux qui n’avaient jamais pris la peine de se pencher sur la disco de The Blue Nile, dont le seul Hats en 1989 préfigurait déjà vingt ans de pop impressionniste en ouvrant notamment la voie au lyrisme évanescent de Stina Nordenstam, Mark Hollis ou même Massive Attack sur Protection et 100th Window, comme aux autres qui n’imaginaient pas de seconde vie musicale pour Paul Buchanan en dehors du trio toujours actif sur scène depuis le beau retour en forme de High (2004), Mid Air apporte une réponse sans équivoque : Buchanan EST et a toujours été The Blue Nile, et ça son compatriote Craig Armstrong l’avait compris dès 97 en l’invitant à réinterpréter son chef-d’oeuvre Let’s Go Out Tonight sur The Space Between Us, transcendé s’il était possible par les bouleversantes orchestrations du compositeur et arrangeur de Glasgow.

Dans le fond, en somme, et malgré un piano devenu largement prédominant, pas de gros changement depuis le plus acoustique Peace At Last (96) qui en préfigurait déjà la teneur le temps du crève-coeur Family Life. En effet, ce premier album de l’Ecossais nous permet de renouer, dans une veine encore plus intimiste car épurée de cette section rythmique synth-pop parfois datée, avec ces mélodies feutrées aux arrangements de claviers ou de choeurs vaporeux, ces cordes délicates aux affleurements poignants et bien sûr cette voix dont le spleen capiteux s’était également baladé ces dernières années chez Texas ou Aqualung.

Pas de révolution disions-nous donc... certes. Mais bel et bien une sublimation, celle d’une solitude accentuée par le poids des années et d’une voix, justement, légèrement écorchée désormais, fragilisée, comme érodée par le passage du temps et de fait en adéquation comme jamais avec le sentiment qui n’a eu de cesse de hanter les romances déchues de Buchanan : le regret, cette amertume faite d’espoirs avortés ayant façonné les maux des plus grands songwriters, de Scott Walker à Rob Dougan en passant par Brett Anderson.

Une lignée dont Buchanan était assurément le représentant le plus tragiquement méconnu, et dont il s’avère aujourd’hui le plus élégant encore en activité par la grâce dépouillée de ce Mid Air léger comme une brise printanière et pourtant lourd d’une détresse pudiquement réprimée... peut-être son album le plus abouti et touchant à ce jour.



( RabbitInYourHeadlights )

Acheter chez Amazon.fr Ecouter sur Spotify

Beautiful Gas Mask In A Phone