1. 5 :55
2. AF607105
3. The Operation
4. Tel que tu es
5. The Songs That We Sing
6. Beauty Mark
7. Little Monsters
8. Jamais
9. Night-Time Intermission
10. Everything I Cannot See
11. Morning Song

Sortie le lundi 28 août 2006

Quand Charlotte Gainsbourg se décide finalement à suivre les traces de son illustre paternel sans les suivre vraiment, elle ne fait pas les choses à moitié. Pour preuve ce 5:55, classique instantané d’électro-pop orchestrale renouvelant l’amitié franco-anglaise de la plus belle des manières.

On savait Charlotte Gainsbourg passionnée de musique anglo-saxonne, comme son compagnon Yvan Attal dont les deux films la mettant en scène avaient donné lieu à une paire de bandes originales en forme de compilations au goût très sûr (de Radiohead aux Clash, du Velvet Underground à Sparklehorse).

Dans "Ma femme est une actrice", on pouvait même entendre un Badly Drawn Boy tout juste révélé au "grand public", et deux ans plus tard la fille de Serge Gainsbourg cédait une première fois depuis les duos familiaux de son enfance à l’appel de la musique, en venant participer aux choeurs sur la chanson Using Our Feet pour le deuxième album de l’Anglais, Have You Fed The Fish ? . Mais depuis lors, à quelques exceptions près (notamment la jolie reprise avec Etienne Daho de la chanson If signée Ginger Ale), pas de suite jusqu’ici.

Il fallait sans doute encore du temps à Charlotte pour se libérer d’un héritage paternel qu’on imagine sans mal source de complexes, surtout quand de plus en plus d’artistes même anglo-saxons, de Beth Gibbons à Beck, citent comme référence majeure le compositeur et songwriter d’ Histoire de Melody Nelson .
Pourtant, à l’écoute de 5:55 , on est très vite rassuré. Si les bons génies de Air (rencontrés à un concert de Radiohead en 2004, tiens tiens), à qui l’on doit la réalisation musicale de la totalité d’un album en forme de petit frère de leur génial Talkie Walkie (et produit comme celui-ci par Nigel Godrich, homme de l’ombre justement de... Radiohead) n’ont pas oublié les lignes de basse de Gainsbourg père, il s’agira de l’unique patronage évident de ce dernier, Charlotte apparaissant ici totalement émancipée.

Voix douce et profonde, léger accent cockney, elle chante à 90% en anglais sur des mélodies où l’on reconnaît sans mal la patte des deux co-auteurs de ses chansons, Jarvis Cocker (Pulp) et Neil Hannon (The Divine Comedy, dont l’album Regeneration avait été produit en 2001 par... Nigel Godrich - la boucle est bouclée), figures cultes de la pop orchestrale anglaise. Du lumineux single The Songs That We Sing au sublime Everything I Cannot See, sommet épique et habité, en passant par le magnifique Beauty Mark, dans la droite lignée des chansons du Absent Friends d’Hannon, ou un Night-Time Intermission convoquant le meilleur de Lali Puna, Charlotte se met à nu et se chante telle qu’elle est, chante ses doutes, ses certitudes, ses envies ou encore son amour pour l’homme de sa vie. Sans temps mort, en avançant, ne jetant un regard vers le passé que le temps d’un Morning Song en forme de déclaration d’amour à peine voilée à son père trop tôt disparu.

On est happé, ébloui, touché, revigoré par cet album qui pourrait être le nôtre et dans lequel Charlotte nous invite chaleureusement à entrer un peu dans sa vie, avec l’impression de proximité que l’on aurait à partager son petit-déjeuner, en ami. Pour tout ça on lui dit merci, en lui souhaitant d’avoir pris suffisamment de plaisir à l’expérience pour très vite avoir envie de la renouveler, comme une évidence.

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