Sortie le mercredi 23 janvier 2013
1. 自核 / Jikaku [prod. by Michita]
2. 自革 / Jikaku [prod. by Odd Nosdam]
3. 自拡 / Jikaku [prod. by Factor]
4. 自描く / Jikaku [prod. by LASTorder]
5. 自核 / Jikaku [prod. by Michita] (Instrumental)
6. 自革 / Jikaku [prod. by Odd Nosdam] (Instrumental)
7. 自拡 / Jikaku [prod. by Factor] (Instrumental)
8. 自描く / Jikaku [prod. by LASTorder] (Instrumental)
9. Jikaku (A cappella)
On ne se fend pas si souvent d’un avis express sur un single, mais c’est finalement d’un véritable petit EP que nous gratifient ici les MCs japonais Kaigen et Shing02. On avait déjà pu apprécier le goût du premier pour les collaborations multiples, notamment sur l’excellent Re : Bloomer repéré à l’époque par l’écurie Fake Four dont la branche japonaise lancée dans la foulée d’un bel EP caritatif co-édite ce Jikaku en association avec son propre label Poetic Dissent. Cette fois néanmoins, c’est un même a cappella que le rappeur véloce et son compère plus nonchalant ont confié à quatre producteurs et non des moindres, pour des rendus émotionnels et stylistiques à tel point divergents que l’on croirait par moments écouter quatre chansons distinctes... ce qui d’une certaine manière est le cas.
C’est un certain Michita, producteur et DJ nippon qui ouvre la marche avec la version la plus mélancolique et orchestrée du lot, dont la mélodie de piano candide et les arrangements de cordes synthétiques ne sont pas sans rappeler le lyrisme désarmant du compositeur Joe Hisaishi bien connu des fans de Kitano ou Miyazaki. Une interprétation qui met d’emblée la barre très haut, mais il en fallait davantage pour déjouer les frissons d’outre-espace que provoque l’inimitable Odd Nosdam avec une appropriation digne de ses cLOUDDEAD d’antan : riffs saturées, basse cosmique et crins virtuels émis par la sonde Voyager en pleine découverte de traces de vie sur Aldébaran-4, avec l’altier spationaute Kaigen dans le rôle de Doesone et son co-pilote lunaire déguisé en Yoni pour un résultat pas loin non plus des trips galactiques de feu Cannibal Ox.
Et si Factor, beatmaker emblématique de Fake Four est loin de réitérer le coup d’éclat d’un No Easy Way To Grow que transcendait déjà le flow mitraillette de Kaigen sur le J-A-P-A-N sus-mentionné, sa tentative acoustique plus uptempo aux accents yiddish sur lit de beats profonds et percutants passe comme une lettre à la poste malgré ses chœurs sous hélium quelque peu caricaturaux, preuve que l’EP na pas encore livré tous ses trésors comme en atteste surtout en dernière position l’interprétation cuivrée nettement plus soul et déconstruite du Japonais LASTorder, proprement féérique sous ses flots de drums bondissants et de glitchs modulés. Pour autant, aucune de ces compos ne tient véritablement la distance sans le flow des deux artilleurs, les versions instrumentales n’étant finalement là que pour rappeler à quel point la rencontre d’un MC et d’un producteur peut tourner au petit miracle, loin de la simple somme de ses parties.
A noter que l’on peut retrouver Kaigen ces jours-ci en compagnie de Geskia, Himuro Yoshiteru et pas mal d’autres rappeurs et beatmakers moins connus sur cette surprenante mixtape du blog Chroniques Automatiques dédiée à la scène underground japonaise.