Sortie le lundi 6 novembre 2006
1. Emily
2. Monkey & Bear
3. Sawdust & Diamonds
4. Only Skin
5. Cosmia
Disons-le d’emblée, je n’avais pas aimé plus que ça The Milk Eyed-Mender, premier album de Joanna Newsom sorti en 2004. A mes yeux trop démonstratif et répétitif, il était surtout trop en proie aux vocalises parfois à la limite du supportable de la chanteuse et harpiste américaine.
Toutefois, l’affiche de ce nouvel opus étant des plus alléchantes (Jim O’Rourke à la production et au mixage, Van Dyke Parks aux arrangements et Steve Albini à l’enregistrement, excusez du peu), j’ai revu à la hausse mon intérêt pour la dame et retenté le coup... et bien m’en a pris.
Certes Joanna Newsom demeure avant toute chose une conteuse folk, dans la plus pure tradition dylanienne, et le chant est omniprésent, mais cette fois l’ampleur musicale est au rendez-vous : majestueux, complexe et d’une beauté à couper le souffle, Ys doit sans doute beaucoup à Jim O’Rourke. Car si son travail de production y est discret, l’influence de ses propres albums solo ne s’y fait pas moins bel et bien sentir : richesse de l’instrumentation acoustique, profondeur sonore, morceaux dont le développement dépasse les 10 minutes sans pour autant s’étirer de trop et sans raison (avis aux amateurs exclusifs de formats pop : restez encore un peu parmi nous, Joanna Newsom ne vous veut aucun mal).
Parallèlement, les arrangements de Van Dyke Parks sont somptueux, peut-être le plus beau travail du compère de Brian Wilson, ce qui n’est pas peu dire. Quant à Joanna, elle a posé un peu sa voix, et ça fait toute la différence : dorénavant, la comparaison avec Björk dont on la gratifiait exagérément sur The Milk-Eyed Mender est pleinement justifiée, tant pour l’utilisation de la harpe que pour le chant. On pense également à la musique de chambre, aux ballades moyenâgeuses dont s’inspirait déjà ponctuellement le grand Tim Buckley (cf. la pochette), ou même par moments à Gershwin voire à Danny Elfman.
C’est dire le spectre musical que balaie sans électronique ni même électricité cette oeuvre ambitieuse mais réussie, complexe mais limpide, jamais poseuse ni prétentieuse mais dont chaque mouvement, au contraire, irradie de grâce et de beauté.