1. Skulls Voir la vidéo Röyksopp - Skulls
2. Monument (T.I.E. Version) Voir la vidéo Röyksopp feat. Robyn - Monument (The Inevitable End Version)
3. Sordid Affair
4. You Know I Have To Go
5. Save Me
6. I Had This Thing
7. Rong
8. Here She Comes Again
9. Running To The Sea
10. Compulsion
11. Coup De Grace
12. Thank You

Sortie le mardi 11 novembre 2014

Annoncé comme l’album final du duo, The Inevitable End ne devrait néanmoins pas signifier la fin de la collaboration entre Svein Berge et Torbjørn Brundtlands, les deux artistes souhaitant distribuer leurs compositions de manière différente. Avant de savoir de quoi il s’agit précisément, concentrons-nous plutôt sur ce dernier disque.

En 2001, avec une candeur touchante digérant les influences d’un panel de vingt cinq ans de musique électronique, Melody A.M. lançait brillamment la carrière de Röyksopp. Quatre ans plus tard, le génial et sous-estimé The Understanding voyait le duo trouver un équilibre tout à fait personnel entre l’aspect contemplatif de ses productions et le soupçon de grandiloquence dont il faisait déjà preuve de manière habile.

Il y a cinq ans, cette grandiloquence s’étoffait sur Junior. Suffisamment inspiré et maîtrisé par le duo et les invités prêtant leurs voix, l’opus était malgré ses excès à ranger du côté des réussites. Tout l’inverse de Senior, son successeur, sombre mais surtout insipide.

Ce bref rappel de la discographie de Röyksopp permet de tordre le cou à l’idée largement répandue selon laquelle ce serait le virage radio-friendly du duo qui aurait engendré sa perte. On pourrait déjà discuter ce jugement hâtif et évoquer l’erreur de parcours pour justifier l’échec de Senior, seul raté notable à recenser parmi les quatre galettes de la formation électronique. Surtout, cette déception coïncidait avec l’album le plus sombre et le moins taillé pour séduire les ondes FM. En somme, l’aspect putassier de la musique de Röyksopp n’a jamais été en lien avec une quelconque déception.


A l’instar d’un I Had This Thing dont les gimmicks éculés et la voix surjouant l’affect ne véhiculent aucune émotion, The Inevitable End sera probablement jugé comme un échec au regard de son caractère easy-listening draguant trop ouvertement les dancefloors. A ses débuts, Röyksopp s’inspirait de Kraftwerk, Air ou Giorgio Moroder. C’est désormais du côté d’Avicii que le duo lorgne.

Cette faute de goût généralisée n’est même pas la pire chose que l’on constate sur ce nouvel opus. On s’y ennuie terriblement, et la cause principale de ce raté est à chercher du côté du manque d’inspiration et de l’auto-caricature dont abusent les musiciens.

Les meilleurs moments sonnent comme une redite de Junior, dont The Inevitable End semble finalement être le petit frère balafré. De l’équilibre de Save Me à l’odyssée Running To The Sea, en passant par Rong dont les sublimes arrangements de cordes synthétiques rappellent plus qu’étrangement ceux de Röyksopp Forever, les réussites évoquent trop le dernier bon album du duo pour faire émerger autre chose qu’un sentiment agréable chez l’auditeur.

Röyksopp tourne en rond, et quand il s’aventure vers d’autres horizons, ce n’est guère mieux. Les fautes de goût s’accumulent. La première partie de Rong, sur lequel on retrouve pourtant Robyn au chant, est pénible, soporifique et répétitive. Quant au titre final, Thank You, une partie instrumentale correcte est sabotée par l’utilisation excessive d’un vocodeur agaçant.


On sauvera bien quelques morceaux, à l’instar d’un Sordid Affair plus sobre qu’il n’y paraît et qu’on pourrait rapprocher de l’univers de The Understanding, Here She Comes Again qui, sans être passionnant, fait l’expérience d’une ambiance aux sonorités dubstep, ou surtout Compulsion. Downtempo étiré sur lequel se mêlent des nappes oppressantes et d’autres cotonneuses, ce type d’ambiance constitue clairement la direction qu’aurait dû prendre le duo pour cet opus.

Avec Inside The Idle Hour Club et Monument (dans sa version originelle et pas celle, bâclée, de ce LP), Röyksopp nous avait déjà prouvé en début d’année, sur l’EP Do It Again, qu’il était toujours aussi ambitieux, humble et inspiré que par le passé sur ce type de morceaux odysséens. Cette structure aurait eu, de plus, l’avantage de convenir à la voix nonchalante de Jamie Irrepressible qui s’invite au chant de quatre titres de l’album mais ne tire son épingle du jeu que sur ce Compulsion.

Avec peu de fulgurances, des fautes de goût, de l’auto-plagiat et une cohérence d’ensemble très discutable, Röyksopp, c’est ce copain avec lequel on a vécu de grands moments, mais qui a pris un autre chemin. On n’a plus grand-chose à lui dire, et au moment de se dire au revoir, on ne ressent même pas le besoin de se mentir en se promettant de se donner des nouvelles. Cela ne nous empêchera pas de consulter l’album-photo, de temps à autre, en souvenir du bon vieux temps. S’agissant de l’amitié commune, en revanche, la fin était inévitable et on abandonnera ce copain à un nouveau cercle d’amis comme on laissera le nouveau Röyksopp à quelques hipsters à la recherche du nouveau format pouvant détrôner l’album.


The Inevitable End en écoute.

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