Sortie le vendredi 15 avril 2016
1. Totem
2. Tu sais
3. Sur le ciel
4. La nuit
5. Psaumes
6. Rallumez-les
7. L’opposé
8. Chaque soir
Sans non plus s’extasier sur cette collaboration quelque peu inégale avec le rappeur Arm, retrouver enfin Tepr aux manettes d’un projet digne d’intérêt 12 ans après les dernières traces discographiques des défunts Abstrackt Keal Agram ne pourra que faire plaisir aux inconditionnels du génial Cluster Ville.
Certes, point d’électro-abstract déliquescent ici, et l’ex producteur attitré de l’agaçante Yelle se débat toujours avec une fascination douteuse pour les lignes de synthés 80s quelque peu racoleuses de Giorgio Moroder (l’éponyme autotuné Psaumes sur le fil du mauvais goût) mais dans l’ensemble le lyrisme minimal qui se dégage de ces écrins techno-hip-hop mystiques aux basses parfois deep comme un bon vieux Massive Attack (cf. Tu Sais, dont les beats et autres clochettes pitchées en milieu de morceau convoquent de loin le toujours fameux I Against I avec Mof Def, sûrement ce que Tanguy Destable a fait de mieux depuis son instru du Drive By Detournment de Sole) s’associe plutôt bien aux célébrations claires-obscures - voire un brin opaques comme toujours - du MC de Psykick Lyrikah, dont les psaumes intimes et combatifs sonnent comme autant d’hymnes à l’envie de croire en la vie, à la volonté de lutter pour en garder l’espoir, ou plutôt l’arracher à ceux qui le noircissent... et finalement le transmettre, pourquoi pas, à son fils (le touchant Sur le Ciel) ?
Exit Rallumez-Les et son espèce de ragga house aux refrains NRJ mais sans faire oublier les prods de Mr. Teddybear (qui brille désormais en solo avec ses BO classical ambient fantasmagoriques de jeux vidéo, cf. la petite dernière Welcome Back, December) sur l’inégalé Des Lumieres Sous La Pluie (auquel participait AKA, la boucle est bouclée) ou plus récemment du fidèle Olivier Mellano, la capacité de Tepr à faire surgir de la grisaille urbaine ces instants fugaces de grâce planante sur le très épuré et intense L’Opposé (est-ce donc une harpe perdue au milieu des beats trap ?) ou même sur le gothique La Nuit au détour d’un refrain aux élans discrets, fait tout le prix de cet album bancal mais attachant.