Sortie le samedi 16 avril 2016
1. Foregrow
2. Expre’act
3. Lowth Forgue
4. Unf
Du sévèrement drogué et déglingué Niandra LaDes And Usually Just A T-Shirt de 94 à ses excellentes collaborations prog-jazz et ambient-rock avec l’ex Mars Volta, Omar Rodríguez-López en passant par ses prods hip-hop baroques et rétro-futuristes pour le duo The Almighty, on savait déjà que l’ancien gratteux hirsute des Red Hot Chili Peppers valait bien mieux que les recettes college rock pour radios que le groupe a largement contribué à façonner.
Rien de tout ça pourtant ne laissait présager du virage entrepris l’an passé par l’Américain, moteur créatif du fameux Blood Sugar Sex Magik déstabilisé à l’époque par le succès public et critique de l’album au point de quitter le groupe pour une demi-douzaine d’années et de sombrer dans l’addiction, avec son projet acid house Trickfinger, dans la foulée des incursions synth-pop mâtinées de breakcore de ses Renoise Tracks 2009-2011, premières tentatives électro inégales et tordues finalement éditées l’an passé via Bandcamp.
Une direction très largement influencée par Aphex Twin et qui permet aujourd’hui au bonhomme d’accoucher de la meilleure sortie IDM de l’année (le quintuple Autechre est évidemment hors concours). Oubliez donc le Cheetah EP d’AFX et ses autocaricatures ramollo dans lignée du médiocre Syro d’où surnage tout juste l’efficace mais longuet CIRKLON3, on est ici dans la droite lignée des grandes heures du label Warp. Pour figure tutélaire, le trop méconnu Tim Exile dont la pop synthétique décadente du génial Listening Tree croise sur Foregrow les emballements rythmiques de Squarepusher sur fond de blips acides aux mélodies réminiscentes du Richard D. James Album dès l’entame éponyme, la litanie très en retrait de Frusciante venant s’intégrer à l’ensemble avec autant de naturel que les hymnes décadrés d’Exile et juste ce qu’il faut d’emphase contenue.
Intégralement instrumentale, la suite oscille entre méditations arythmiques (Expre’act, dont les claviers analogiques rappelant les sonars de dauphins synthétiques du Blood, Looms And Blooms de Leila laissent place à des riffs de guitare sagement lyriques pour temporiser les reflux de beats au tempo détraqué) et acid house techno-funky de rave 90s (Lowth Forgue, aux soubassements rythmiques néanmoins constamment mutants), pour culminer sur les élans d’onirisme d’un Unf dont les excursions mélodiques pastel évoquent avec un sens du groove aussi aiguisé que schizophrénique les plus belles réalisations de Plaid.
Un petit bijou d’IDM old school en somme (si l’on peut qualifier d’old school une époque d’extrême créativité que le temps n’a toujours pas su rattraper), qui fera sûrement fuir les oreilles rabattues le fan lambda de RHCP et c’est tant mieux.