1. Branches/Bones
2. Dear World,
3. She’s Gone Away
4. The Idea Of You
5. Burning Bright (Field On Fire) Voir la vidéo Nine Inch Nails - Burning Bright (Field On Fire)

Sortie le vendredi 23 décembre 2016

A qui ferions-nous le plus injure en présentant Nine Inch Nails ? Serait-ce à Trent Reznor, homme à tout faire du projet, ou au fidèle lecteur de nos colonnes ? Sans s’arrêter sur la pléthorique discographie de l’Américain (on arrive au halo 29), il est utile de rappeler le caractère mineur de ses précédentes sorties, que ce soient le décevant The Slip (2008) ou le ratage Hesitation Marks (2013), sans parler du projet How To Destroy Angels mené avec sa compagne Mariqueen Maandig.

Cela faisait donc près de dix ans que l’Américain ne nous avait pas séduits, à l’exception évidente de ses nombreuses bandes originales signées avec Atticus Ross pour David Fincher (The Social Network, Millenium et surtout Gone Girl). Pour cette sortie, Trent Reznor explique qu’« il ne s’agit pas d’un disque amical, il est impénétrable et nous avions besoin de le faire. C’est un EP puisque nous avons fini par considérer ce format comme la longueur appropriée pour raconter cette histoire ».

D’emblée, NIN rentre dans le vif du sujet avec un Branches/Bones qui ne laisse même pas le temps à l’auditeur de prendre son pied. L’ambiance est électrique et percutante, l’ensemble va droit au but, mais Trent Reznor semble délibérément casser son jouet avant même d’en avoir fait le tour. Ce titre semblait avoir le potentiel nécessaire pour être décliné sur une plus longue durée en y intégrant des progressions diverses, mais cette frustration recèle un caractère positif : il suscite l’envie, là où le prédécesseur de cet EP générait surtout de l’ennui.

Puis Dear World, nous ramène clairement à l’époque The Fragile avec sa rythmique imperturbable, ses nombreux points de rupture, blips électroniques, et ce chant décontenancé. Trent Reznor semble clairement attiré par les sonorités qu’il a développées dans les années 90, lorsqu’il était de manière évidente au sommet de sa forme. On ne sera ainsi pas étonné de découvrir que The Fragile fait l’objet d’une réédition avec une trentaine de bonus intitulée Deviations, d’autant plus lorsque l’on découvre l’artwork de ce Not The Actual Events EP, qui répond aux sorties ayant suivi The Fragile en l’occurrence le live And All That Could Have Been et l’excellent EP au piano Still.

She’s Gone rembobine davantage encore le fil de l’historique de NIN en s’ancrant vers des sonorités à la The Downward Spiral. Le spectre de Closer apparaît par moments. Ouvertement apocalyptiques, les parties instrumentales étouffées s’additionnent pour un délectable résultat chaotique. Faire ressurgir autant de névroses en restant autant dans la mesure – sans être minimaliste pour autant, loin de là – constitue une jolie performance.



Débutant avec un piano rappelant les BOs pour David Fincher, The Idea Of You voit émerger un spoken word lo-fi qui fait planer une tension supplémentaire, rapidement accrue par la batterie de Dave Grohl, invité sur ce titre, et l’enivrement de la partie vocale dont l’ancrage et les digressions électriques semblent également nous ramener à l’époque The Fragile.

Enfin, Trent Reznor a probablement gardé le meilleur pour la fin avec un Burning Bright (Field On Fire) long en bouche, mais qui parvient à rétablir pour de bon la magie originelle du projet NIN. La dimension industrielle est extrêmement prégnante dans ces percussions métronomiques tandis que la voix étouffée, à moins qu’elle ne soit surtout étouffante, dégage une sensation permanente d’embrasement. Le caractère downtempo de ce titre et les césures qu’il contient décuplent le sentiment menaçant qu’il peut procurer.

En cinq titres et seulement vingt et une minutes, on serait tentés de se réjouir du fait que Nine Inch Nails revienne d’entre les morts alors même que l’on était tenté de condamner ce projet pour ne plus attendre de Trent Reznor que ses bandes originales au piano. Mais cela va plus loin. Il ne s’agit pas seulement de se rassurer en se disant que cette vieille connaissance se porte bien sur le plan artistique : l’Américain pousse le bouchon plus loin en nous proposant un halo 29 qui aura fière allure aux côtés des enregistrements effectués entre 1994 et 2008. Sa période dorée, en somme, dont la longueur témoigne du caractère indispensable de son œuvre.

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