1. Beige Cartoon
2. Ariadne’s Scent
3. Marathi
4. Thauma
5. Afrós
6. Ithaki
7. A Tribe Called Davis
8. Marpissa
9. Naoussa Kampos
10. Melanthi
11. Anicca
12. Lyh
Sortie le lundi 29 août 2016
Six ans après le Face The Music qui lui avait valu les honneurs de l’Académie du Jazz, Marc Buronfosse propose un nouvel album sous son patronyme, entouré de quatre musiciens, en l’occurrence Andreas Polyzogopoulos (trompette), Marc-Antoine Perrio (guitare), Stéphane Tsapis (claviers) et Arnaud Biscay (batterie).
Enregistré sur l’archipel des Cyclades, en Grèce, et plus particulièrement sur l’île de Paros, ÆGN – contraction du terme ‘Aegean’, soit ‘égéen’ – est un disque dédié au territoire sur lequel il a été composé. Un coup de tête ? Assurément non, puisque le Français s’investit depuis plusieurs années dans la vie culturelle locale où il a notamment créé un festival de jazz. Cela ne l’a pas empêché de participer aux productions de plusieurs artistes issus des quatre coins du globe puisqu’il figure actuellement aussi bien au sein du Stéphane Guillaume Quartet que du Toufic Farroukh Sextet en passant par le Gueorgui Komazov Quintet, Isabelle Olivier Trio ou Stéphane Tsapis Trio.
Nous mentirions en prétendant avoir écouté chacune de ces collaborations, et ÆGN est de toute manière suffisamment dense pour que l’on s’arrête dessus. Sur cet opus, le contrebassiste de formation délaisse son instrument de prédilection pour s’orienter vers une Fender VI, instrument qui a permis à l’artiste d’évoluer tout en constituant une forme de madeleine de Proust : « Cet instrument, qui n’est ni une basse, ni une guitare, possède un son très intéressant qu’on peut transformer avec toutes sortes de pédales d’effet. C’était quelque chose de complètement nouveau pour moi. Avant d’être contrebassiste, j’ai fait de la basse électrique, et dans mon enfance, j’avais fait de la guitare. La Fender VI m’a donné l’occasion de revenir sur mes premières sensations de musicien ».
Probablement trop proche de la fusion pour obtenir l’adhésion des puristes d’une certaine esthétique jazz, ÆGN est justement passionnant pour cette faculté à mêler les influences les plus diverses. Aussi volontiers électronique (Marpissa) qu’ambient (Afrós), le quintet s’autorise quelques digressions passionnantes, à l’instar des sommets Ithaki où le spoken word d’Arnaud Biscay fait mouche sur fond de rythmiques minimalistes et surtout Thauma où le mariage de batterie et de cordes déjantées apporte assurément un sentiment de transe frôlant la folie si bien que, dans ces terres maculées de lumière, offrant les plus beaux dégradés de bleu, on se demande si les artistes ne sont pas touchés par le syndrome de Stendhal.
Disque rythmique par excellence – et c’est en ce sens qu’il s’éloigne d’un jazz plus classique – ÆGN offre surtout une occasion à son auteur de sublimer ses orientations initiales pour proposer quelque chose de profond, hypnotique, parfois paradoxal, mais toujours désespérément beau.
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