1. T.C.R.
2. I Can Tell
3. Britain Thirst
4. Dad’s Corner
5. You’re A Nottshead
Sortie le vendredi 14 octobre 2016
On l’a déjà dit à plusieurs reprises : les Sleaford Mods sont probablement les meilleurs représentants de ce que pourrait constituer le punk 2.0. Celui des années 2010, en somme. Pourtant, les deux protagonistes formant cette entité ne sont pas nés de la dernière pluie, loin s’en faut. Le charismatique Jason Williamson se rapproche doucement de la cinquantaine mais sa hargne et la verve qu’il affiche dans son chant ont quelque chose de la post-adolescence.
Avec le temps, les revendications ne se sont pas estompées et Sleaford Mods constitue un formidable terrain pour clamer celles-ci sur les boucles composées par Andrew Fearn, qui a rejoint le projet en 2012 suite au départ d’un Simon Parfrement impliqué sur les quatre premiers opus de la formation.
Mais que dire de ce TCR ? Probablement qu’il pourra réconcilier ceux qui avaient été déçus par le Key Markets sorti l’an passé, un an après le chef-d’œuvre Divide & Exit. Pourquoi ? Tout simplement car les (quelques) concessions effectuées sur l’opus précédent, qui se défendaient totalement dans le sens où Sleaford Mods refusait de tourner en rond, sont ici largement atténuées.
A vrai dire, Britain Thirst semble être le seul héritage de ce léger virage entrepris sur Key Markets en ce sens que Jason Williamson y intègre une dimension plus mélodique dans son phrasé. On reste néanmoins dans quelque chose de très punk. Au moins dans l’esprit puisque, sur la forme, on pourrait également parler de post-hip-hop intégrant, à l’instar des boucles de Dad’s Corner, une dimension industrielle.
Surtout, cet EP comporte deux titres qui pourraient constituer des singles en puissance dans un monde parfait mais qui, dans cette décennie d’interrogation, ne s’affirmeront sans doute même pas comme les hymnes urbains et ouvriers qu’ils devraient être. L’éponyme TCR et son clip rétro sur lequel les artistes jouent avec des voitures télécommandées (on parlait bien de post-adolescence) est aussi hypnotique qu’enthousiasmant de par son débit, que ce soit sur le plan vocal ou instrumental. La routine liée à la répétition des boucles sur plus de quatre minutes est habilement évitée grâce à un refrain plein de verve.
Mais c’est principalement I Can Tell qui constitue la belle surprise de ce disque, du moins pour ceux qui n’avaient pas suivi la récente tournée du groupe qui avait pris l’habitude de débuter par ce morceau sur lequel Jason Williamson crachait son dégoût de la trajectoire du peuple britannique (coucou le Brexit) à la face de spectateurs souvent médusés. Les boucles hypnotiques et presque nonchalantes appuient une voix au débit mécanique mais néanmoins habité. Les composantes de ce titre sont tellement simples au regard que son efficacité n’en est que plus improbable et déroutante. Si le secret de la réussite n’était pas l’authenticité de la démarche et du dégoût de certaines dérives de la société, nous pourrions recommander aux écoles de musique d’étudier dans les grandes largeurs ce titre. Mais non, avec Sleaford Mods, il n’y a pas de recette, pas d’analyse qui tienne réellement la route. Ces représentants de la classe moyenne ouvrière défendent bec et ongles le peu qu’ils ont, et ils y mettent tout leur cœur. Voilà pourquoi l’EP TCR fonctionne si bien.
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