1. Exalted
2. Cusp
3. Turn On
4. Smoke Of Dreams
5. Aphrodite
Sortie le vendredi 28 avril 2017
A cinquante-huit ans, Thurston Moore détruit tous les préjugés voulant que les musiciens lorgnant vers un rock expérimental n’aient plus rien à dire passée la trentaine. Rien de nouveau sous le soleil avec cette introduction, mais Rock N Roll Consciousness en constitue une nouvelle preuve.
Ce cinquième disque solo de l’Américain – le troisième depuis la mise en sommeil de Sonic Youth en 2011 – n’est peut-être pas le plus marquant, le Demolished Thoughts produit par Beck s’imposant au sommet de ce panthéon personnel, mais il est pour autant loin d’être mineur.
Les douze premières minutes sur lesquelles s’étendent un Exalted à tiroirs suffisent pour s’en convaincre. A coups d’arpèges mâtinés de réverb’, Thurston Moore reprend les choses là où il les avait laissées avec The Eternal, dernier disque de Sonic Youth paru en 2009. Il ne se contente toutefois pas d’un titre cristallin qu’il étirerait à l’envie, mais agrémente cette douce introduction de ruptures mélancoliques en mode mineur mais toujours rythmées et de distorsions rappelant certains murs du son du combo auteur de Dirty, le tout selon une construction tout sauf rectiligne.
Si Exalted est un dédale, Cusp se veut plus lumineux et ce jusque dans le chant d’un Thurston Moore qui semble enfin en avoir fini avec cette crise de la cinquantaine qui l’a poussé à détruire, en plus de Sonic Youth, sa relation conjugale que l’on croyait éternelle avec Kim Gordon. L’apaisement donc, comme porte de sortie vers un univers plus pop, ce que la première partie de Turn On vient confirmer avant que le morceau n’évolue vers des sphères plus proches de celles de Dinosaur Jr. Mais c’est surtout la présence à la production de Paul Epworth, lequel a travaillé sur les récents albums de Florence + The Machine et U2, qui vient confirmer cette orientation plus pop.
Cautions plus rêches et déjà présents sur The Best Day, les fidèles James Sedwards à la guitare, Steve Shelley à la batterie et Debbie Googe, bassiste de My Bloody Valentine, donnent toutefois à Thurston Moore les moyens de justifier une prolongation de ses éternelles expérimentations entre pop et noise. Si quelques riffs bien percutants s’invitent avec parcimonie auprès de la batterie martiale et des accords traînants de Smoke Of Dreams, ce sont bien les guitares rutilantes et parfois rugissantes qui sont de retour sur un Aphrodite final à la progression sinusoïdale.
En somme, Thurston Moore ne fait rien d’autre que ce qu’il sait faire, avec un brin de positivisme supplémentaire, sur ce Rock N Roll Consciousness. Mais quand il s’agit d’un univers aussi sinueux que celui du guitariste, il n’y a guère de place pour l’immobilisme. Peut-être plus accessibles qu’à l’accoutumée, ces cinq compositions viennent en tout cas poursuivre le formidable triptyque débuté par l’Américain en 2011…
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