1. Philémon
2. Oracle
3. Artifices
4. Stiiitches
5. Antivalse
6. Guillotine
7. Temps Utile
8. Les Octaves Brisées
9. Cavalcade
10. ALK
11. Super Hexacordum
Sortie le vendredi 20 octobre 2017
Au fond, qu’y a-t-il de plus beau que des arrangements de cordes qui épousent des beats virevoltants ? Alors même qu’elle n’en attend aucune, la question pourrait amener beaucoup de réponses et davantage encore de débats.
L’essentiel n’est pas là. Avec Philémon, ouverture de Muance, Chapelier Fou propose l’une de ces introductions qui coupent d’entrée le souffle tant les rythmiques cardiaques magnifient les cordes dans la plus totale des harmonies.
Cette affirmation mérite d’être nuancée (muancée ?) tant l’harmonie implique une certaine dose de confort auquel le Messin refuse de céder. S’il ne ménage pas l’auditeur - quoi que - il épargne encore moins ses propres méninges, mises à rude épreuve pour la confection de ce long-format qui fait suite à un ! dévoilé en début d’année.
Particulièrement prolifique après avoir également réalisé Delta, Fuses et Kalia les trois années précédentes, Louis Warynski aménage un univers fait d’éléments facilement identifiables, mais que l’on n’aurait pas nécessairement eu l’idée d’associer. Aussi talentueux - et tordu - que ces cuisiniers qui révèlent certains arômes sucrés en les associant à l’amertume de mollusques quelconques, le violoniste de formation fait le grand écart entre braindance et néoclassique.
L’évolution de Les Octaves Brisées en constitue probablement l’illustration la plus évidente. Installant d’abord une arythmie sur laquelle glissent des cordes frottées aussi harmonieuses que désolées, ce titre admet ensuite la présence de beats tintinnabulants puis profonds pour lui donner de l’épaisseur et élargir un rayon d’influences déjà étendu.
Aussi langoureux qu’intense, Muance s’appuie sur des beats transcendants (Oracle) prenant parfois des airs de course effrénée (Temps Utile ou ALK). Forcément nuancée, cette mue admet donc quelques ralentissements bienvenus pour maintenir une narration cohérente. En ce sens, l’interlude Antivalse et Guillotine ralentissent le rythme en milieu de disque, les cordes plus mélodiques de ce dernier titre s’y font d’ailleurs plus désemparées que jamais.
D’autres sommets apparaissent sur ce disque ambitieux. Les cordes graciles aux effets électroniques cotonneux d’Artifices s’étoffent petit à petit jusqu’à l’irruption de beats qui prennent de l’ampleur et gagnent en débit pour atteindre une allure survoltée dont l’association avec des cordes frottées audacieuses revêt de faux-airs de douce odyssée psychédélique.
Par ailleurs, les expérimentations de Stiiitches où arrangements de cordes frottées, beats vaporeux et effets électroniques s’entrelacent rappellent le Röyksopp de l’époque où les Norvégiens étaient inspirés. Enfin, Cavalcade porte bien son nom et fait varier les rythmes autant que les ambiances sur un titre où cordes et beats alternent entre débits survitaminés et pauses éphémères.
Isoler quelques sommets d’un tel disque est forcément un exercice aléatoire, et Muance s’achève avec un Super Hexacordum qui calme petit à petit le jeu. Des souffles étirés façon drones suspendent le temps avant de mettre un terme à cette oeuvre qui ne pouvait s’interrompre de manière abrupte tant la majesté, l’exigence et l’aspect délicatement vitaminé de l’ensemble justifiaient une préparation savante pour envisager tout retour à la vie réelle.
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