1. Wake the Dead
2. Procession for Eric
3. The Blasted Tower
4. Controlled Demolition
5. That’s Why
6. Do the Crawl
Sortie le vendredi 30 mars 2018
20 ans après un You Guys Kill Me dont l’électro-ambient dépressive et déliquescente n’a toujours pas trouvé d’équivalent à sa noirceur désespérée, Matt Eliott réveille ses démons avec un nouveau chef-d’oeuvre de son projet mutant The Third Eye Foundation.
Exit les guitares en bois, les réminiscences de folklores latin ou balkanique et la gravité du chant spleenétique qui habite des sorties sous son vrai patronyme devenues plus classiques depuis The Broken Man et ses décevants successeurs, ici c’est un bouillonnement de trip-hop indus organique et de dub dissous dans l’éther qui sous-tend l’affrontement orchestré par le Bristolien entre lumière et ténèbres, pour le salut ou la damnation de nos âmes.
Du haut de ses 13 minutes 45, le morceau-titre donne le ton : entre une drum machine liquéfiée et une batterie désarticulée (respectivement opérées par David Chalmin et Raphaël Séguinier du trio franco-italien de post-rock dronesque Triple Sun) s’opposent saturations viciées et cuivres mythologiques, choeurs sacrés et vocalises aliénées de goules sardoniques, ces dernières prenant finalement le dessus à mesure que ce Wake the Dead sombre dans un chaos de bruissements dépravés.
Dans la foulée, Procession for Eric voit néanmoins les cieux regagner du terrain grâce au violoncelle élégiaque de Gaspar Claus et aux lamentations d’une chorale d’anges rédempteurs qui deviendront porteurs d’espoir sur The Blasted Tower, dans un même maelström rythmique aux remous glitch plus downtempo voire paradoxalement presque olympiens. Mais cet espoir est de courte durée car au piétinement dubstep lancinant de Controlled Demolition succèdent exclamations malaisantes ("I hate them fucking pigs !") et déstructurations minimales sur le nihiliste That’s Why, avant que la connexion ne se fasse finalement entre le monde des vivants et celui des trépassés avec un Do the Crawl bourdonnant d’une chorale de damnés maintenus dans les rangs par les liturgies de guerriers ailés qui semblent ferrailler pour un équilibre précaire entre décadence et vertu.
Quelque part entre la narration sensorielle foisonnante de The Dark, la mélancolie erratique et hantée de Little Lost Soul, les abysses tourmentés de Ghost et les hybridations ambivalentes de You Guys Kill Me, Wake the Dead est pourtant loin d’un album-somme. Cousin des cauchemars électro-indus d’un JK Broadrick qui aurait pris goût au classique contemporain, ce sixième opus en tant que 3EF de l’auteur de The Mess We Made est un nouveau chapitre - certainement l’un des plus beaux et dérangeants - dans la confrontation de son auteur avec ses cauchemars, ses angoisses et les affres du subconscient, dont on espère qu’il sortira vainqueur assez longtemps pour accoucher de cinq ou six autres joyaux noirs de cet acabit.
L’album sort le 30 mars en vinyle et CD avec la version digitale immédiatement téléchargeable pour toute pré-commande.
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